Edito

Edito N° 046

Edito N° 046 1

Au-delà du pagne…

La journée internationale de la femme vient de boucler la semaine nationale de la femme tchadienne (Senafet). Défilé, revendications, discours politiques, de promesses, sans cesse renouvelées mais rarement tenues ont marqué cette journée enattendant l’année prochaine.

Une occasion pour revenir sur la condition féminine dans notre pays qui, il faut remercier les pères fondateurs, a pour sceau le profil d’une femme : kelou bit al diguel. Une occasion pour surtout remercier,     saluer et renouveler nos reconnaissances de fils, époux à ces êtres qui occupent une place centrale dans nos vies sans qu’on n’y prête attention.

Il est vrai que l’on ne leur accorde pas la place qui est la leur et dans certaines parties du pays, les filles et femmes n’ont simplement pas voix au chapitre. Il est aussi vrai que de nombreuses filles et femmes, premières levées, dernières couchées n’ont pas les mêmes chances que les garçons quand il s’agit d’aller à l’école. Il est encore vrai que nombreuses sont celles qui, pendant les neufs mois de grossesse ne verront pas le moindre agent de santé, avec le risque évident de perdre la vie en accouchant.

Depuis l’instauration de la Senafet, la cause de la femme a certes évolué. Sur le plan juridique, le code pénal, récemment adopté renforce la sécurité des jeunes filles en interdisant le mariage avant la majorité. Le nombre de femmes au sein de l’administration publique, des postes de direction et à la tête de certaines institutions a considérablement augmenté. Il est bien loin, le temps où les Bourkou Louise faisaient figures d’héroïnes.

Pour Le Pays, le vrai combat que doit mener la femme est celui de pouvoir peser sur la formation du Tchad de demain. Le 9 mars, on ne se souviendra plus que des beuveries de la veille, le pagne qui a été source de tension dans les foyers se retrouvera à la même place que les autres dans la penderie.

 Aujourd’hui et cela est admis de tous, le Tchadien n’a plus de valeur morale. Nous vivons dans une société majoritairement monothéiste adorant le Dieu de la Bible ou du Coran. Mais paradoxalement, notre société n’a plus pour modèle ceux qui travaillent et prospèrent honnêtement, ceux qui brillent par la force du travail et leurs génies, ceux qui considèrent leurs compatriotes comme des membres de la famille humaine et leur accorde respect et considération. Les modèles sont ceux qui, par des acrobaties que ces lignes ne suffisent pour           décrire, se retrouvent du jour au lendemain riches et évoluent dans l’arrogance et le mépris de ceux qui n’ont rien d’autre à prouver.

Dans toutes les sociétés au Tchad, on nait et on quitte le monde, le plus souvent entre les mains des femmes. Nos premiers pas dans la vie, nous les devons à nos mères. C’est donc à elle de nous montrer la voie, la bonne. C’est à notre avis, le combat qui attend nos mères si nous voulons d’un Tchad où les fils et filles vivront comme des frères et sœurs dans l’amour de leur pays. A la prochaine Senafet.                                                                  La Rédaction