Edito

Pouvoir et éthique

Pouvoir et éthique 1

C’est sans doute le sujet le moins évoqué au cours de cette campagne électorale qui amorce sa fin. Ni les candidats, moins encore le président sortant qui s’est contenté de répéter le disque rayé de la lutte contre la corruption alors qu’à côté de lui trône fièrement un détourneur de deniers publics connu : Mahamat Zène Bada, secrétaire général du parti au pouvoir et directeur de campagne.

Ce choix que nous déploré il y’a cinq ans dans les mêmes colonnes illustre si besoin est, l’état d’esprit du maréchal vis-à-vis de la corruption, du détournement et de la prévarication des deniers publics qui ne sont du reste, qu’une partie de la déchéance de l’éthique dans la société tchadienne sous Idriss Déby Itno.

Lorsqu’un pouvoir offre à sa jeunesse comme figure de réussite des repris de justice, lorsqu’un pouvoir impose comme modèle d’ascension sociale (MIDI a admis avoir interrompu la dernière vague des intégrations à la fonction publique parce qu’ils ne profitaient « qu’aux enfants de… »), Lorsque pour se maintenir au pouvoir un système politique est obligé de changer les règles du jeu en permanence, en témoigne l’obligation faite à Kebzabo de figurer sur le bulletin alors qu’il s’est retiré et l’interdiction pour lui de tenir un meeting, il ne faut s’attendre à rien d’autre qu’un délitement de la nation et c’est ce qui approche à grand pas.

Même si les signes avant-coureurs ne sont pas visibles, la fin du système Midi est proche. D’abord à cause de son âge (Dieu étant par ailleurs maître de tout). Il y’a surtout le mécontentement qui ne cesse de monter de toutes parts au sein de la société tchadienne et face auquel le discours discriminatoire de chrétien-musulman ne convainc plus. Voyant monter la déferlante, le pouvoir s’est livré au cours de cette campagne à ce qu’il sait faire le mieux : l’habillage. Comme la réconciliation à Mongo avec le Général Ahmat Koussou qui a traité le chef de l’Etat d’être acteur de l’injustice et le retour au bercail de l’ancien rebelle Baba Laadé au cours du meeting de Bongor. Des mises en scène qui ne parlent plus à une opinion publique qui ne croit guère aux ambitions d’un homme qui a eu trente ans pour donner le meilleur de lui-même.

Heureusement que dans cette tentation de noyade collective se trouvent encore des résistants qui sacrifient carrière, opportunité de s’enrichir au nom des valeurs qui restent le seul fondement solide pour une nation. A ceux-là, nous disons que quelle que soit la durée de la nuit, le soleil de justice apparaîtra comme il vient de se lever pour Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.

La Rédaction