Culture

Bokal : le petit soldat du son et de l’image

Bokal : le petit soldat du son et de l’image 1

De Croquemort à Afrotronix en passant par Melody et Bâton Magic, il a travaillé la production de nombres d’artistes. Chanteur, rappeur, ingénieur de son, réalisateur, manager d’artistes, ce touche à tout se cache derrière bien de succès musicaux qui ont fait danser les mélomanes.
Amoureux de la musique depuis son jeune âge, Gabi Kéda alias Bokal a choisi cet art comme métier. Depuis quelques années, la musique est devenu son gagne -pain. Tout a commencé au Cameroun où il a grandi. «Je voulais enregistrer un titre. Au studio, les gars n’arrivaient pas à faire ce que je voulais.je me suis mis à manipuler la machine et c’est comme ça que la chose est venue», raconte-t-il. Compte tenu des opportunités qu’offre le Cameroun, le jeune Bokal s’initie à la musique assistée par ordinateur. Devenu ingénieur de son, il parfait ses connaissances dans les studios du Cameroun avant de rentrer dans son pays d’origine, le Tchad.
Sur place, l’homme observe et trouve une petite place aux côtés des beat makers (ingénieurs de sons) de la place. Ils ne sont pas nombreux. Bokal laisse s’exprimer son talent qui explose. De bouche à oreille, son nom circule à N’Djamena. Il devient incontournable. Plusieurs artistes le sollicitent. Il ne rejette personne et prend son travail très au sérieux. En 2013, le jeune ingénieur de son croise le chemin du slammeur Croquemort. Ce dernier le copte pour l’aider à organiser la première édition du festival ‘’N’djam s’enflamme en slam’’. A la fin du festival, Bokal qui alors était ingénieur de son chez Preston Concept, enregistre un titre dédié à la paix au Mali qui réunit les invités du festival issus du Tchad et ceux de l’étranger. Il tournera lui-même le clip. A partir de cette expérience, il va réaliser encore plusieurs autres clips. Les années passent, l’ingénieur qui jusque-là n’a travaillé que pour les autres, enfile sa casquette de rappeur. Il entre en studio et sort un propre album. L’opus lui permet d’asseoir sa notoriété en tant que rappeur. C’est alors qu’un autre rappeur, Ray’s Kim, le bunda boy l’embarque dans l’aventure ’’Bunda’’. Ils enregistrent l’album ’’Bunda phénomène’’ qui cartonne dès sa sortie. «Nous n’étions pas sûrs que le concept bunda intéresse mais c’est devenu un vrai phénomène. Ce succès m’a galvanisé», confie Bokal. C’est surtout un passeport qui lui a permis de franchir bien de portes.
Disponible et accessible, Bokal est sur tous les fronts quand il s’agit de la culture. Pour mener à bien ses activités, il fonde avec un de ses amis une structure nommée Bokal & Mesko. Son but, «apporter un plus dans la vie des artistes». Et pour cela, il estime «qu’il faut industrialiser la musique sous nos cieux pour la rendre compétitive». En dehors de cette maison, Bokal est le patron d’un studio d’enregistrement logé au sein de la maison de culture Baba Moustapha. Dernier fait d’arme du combattant Bokal, le web concert. En effet, c’est avec lui que l’Institut Français du Tchad a signé le contrat pour les réalisations des films du concert virtuel. Pour ce ’’tchado-optimiste’’, les artistes tchadiens doivent convaincre avec leurs productions. L’autre casquette de Bokal est le management et le coaching des artistes. Il exhorte ses amis artistes à avoir les pieds sur terre et travailler pour conquérir le marché musical tchadien avant de s’attaquer à l’international. Pour lui, les artistes tchadiens sont bons mais manquent d’encadrement. Bokal veut une nouvelle génération de managers pour coacher les artistes tout en estimant que le management à l’ancienne est dépassé.

Abgué Boukar Christophe

Parution no 164 du 28 juillet au 4 août 2020