Edito

La signature d’un Etat

La signature d’un Etat 1

Le feuilleton en cours et qui risque de se poursuivre encore pendant des semaines est le bras de fer qui oppose l’Etat Tchadien aux brasseries du Tchad au sujet du renouvellement d’une convention renouvelée depuis une dizaine d’année et qui accorde des considérables avantages fiscaux. Début 2020, face au refus de l’Etat de renouveler la convention en dépit d’un accord de principe obtenu quelques semaines auparavant, le brasseur a procédé à une augmentation du prix des boissons entrainant un mouvement d’humeur, retombé depuis, sans qu’aucun kopek n’ait été retiré du prix de vente des boissons. Depuis, entre les deux parties, le dialogue est rompu, obligeant l’industriel à un autre tour de vis : la fermeture de l’usine de Moundou qui ravitaille habituellement le sud du pays.
Il y’a une semaine, votre hebdomadaire a été convié avec d’autres, triés sur le volet, à un entretien avec le responsable de la brasserie, propriété du groupe Castel. Il ressort de l’entretien que l’opérateur économique qui a versé 5,7 milliards de francs Cfa à l’Etat Tchadien pour solder un contentieux fiscal. Dès le lendemain, un courrier du ministre secrétaire général du gouvernement indique que «les Bdt doivent par conséquent annuler toutes les poursuites introduites au Tchad et celle en arbitrage devant la Cour commune de justice d’Abidjan (Ccja) et introduire une demande de renouvellement de la convention d’établissement suivant la procédure régulière d’approbation». Depuis, de l’eau a coulé sous le pont mais rien n’a bougé. L’industriel indique aujourd’hui qu’il n’en peut plus et a relancé la procédure contre l’Etat Tchadien avec à la clé, le paiement des dommages et intérêts.
C’est dans ce contexte qu’une fronde politique est lancée, surfant sur les écarts de langage du Dg des brasseries pour le vouer aux gémonies. Les services sont actionnés pour fouiller dans les détails de ses quatre années au Tchad pour déceler la petite bête. Il est vrai que le tempérament de Castro ne lui fait pas que des amis, mais vouloir en faire un prétexte pour solder le contentieux est à la fois malhonnête et dangereux pour l’image d’un pays qui cherche à améliorer son climat des affaires. Qu’on ait accordé trop d’avantages à l’investisseur est une chose. Et il existe des mécanismes juridico-fiscales pour se rattraper. Mais lorsqu’on engage la signature de l’Etat à travers le secrétaire général du gouvernement et qu’on refuse de le respecter sans l’assumer, cela n’est pas digne d’un pays qui se respecte. Le Pays n’est pas l’avocat des Brasseries du Tchad à qui, il reproche aussi beaucoup de choses. Mais en l’espèce, le respect de la signature de l’Etat ne fera que remettre une couche de peinture sur notre image déjà suffisamment entamée.

La Rédaction