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Zamtato : « on a besoin d‘un gros sac de volonté et de détermination pour réussir »

Zamtato : « on a besoin d‘un gros sac de volonté et de détermination pour réussir » 1

Economiste et ingénieur financier de formation, agriculteur de naissance, Adji Zamtato  fait l’alliage entre sa profession et la profonde volonté de nourrir les tchadiens grâce à l’agrobusiness. Son plus grand rêve, c’est de transformer le riz local et créer une marque sur le marché tchadien.  

« Il n’est pas normal que les commerçants commandent uniquement  des dizaines de tonnes de riz d’Asie alors que nous sommes un pays producteur du riz », s’indigne cet amoureux de la terre. Adji Zamtato est un habitué d’agriculture familiale. C’est ce qui lui a donné le goût depuis l’enfance grâce à son père qui lui a tout appris de la terre. « Notre père nous a toujours habitué aux jardins, il nous amenait labourer du riz à Karwey, du mil à Koundoul ou des fruits à Ngueli. L’agrobusiness a toujours été une activité dans la famille », explique-t-il.

Cet amour affable de la terre l’a accompagné jusque dans le monde de l’économie et des télécoms. Du lycée Sacré-Cœur de N’Djamena jusqu’à Dakar en passant par l’université de Yaoundé au Cameroun, Zamtato rentre au bercail sans rompre ce lien de socialisation avec la terre depuis sa petite enfance. « Après avoir travaillé dans un fond d’investissement et pour la multinationale Marlboro au Sénégal, je suis rentré me procurer cinq hectares de terre où je fais l’agriculture à coté de ma vie professionnelle », précise-t-il.

Les productions varient selon les saisons et les années. « J’avais commencé en 2015 avec la noix de cajou, dont j’ai planté 100 anacardiers. C’était ma première expérience. Ensuite, j’ai produit du haricot et du sésame. Actuellement je me spécialise dans la production du riz, surtout dans la transformation », explique-t-il. « La transformation est une nouvelle dimension de l’agrobusiness au Tchad. Nous sommes dans une phase de prototype, où la technique de transformation suit son cours. Nous avons sur le marché le riz en paquet de 1,5Kg qui approvisionne la ville de N’Djamena. Notre objectif à long terme, c’est de produire du riz en paquet de 5kg, puis 25Kg et 50Kg dans le futur», ambitionne-t-il.

Valoriser le riz local

Le Tchad est un pays producteur de l’or blanc par excellence, les provinces de la Tandjilé, les deux Mayo-Kebbi et les banlieues sud de N’Djamena sont une référence. Il faut ajouter à cette production la transformation locale qui est une source de création de valeur et d’emploi pour les jeunes et les femmes. Valoriser le riz local ne permettra pas seulement de résorber l’épineuse question du chômage mais aussi de viser l’autosuffisance alimentaire au Tchad. « Le riz asiatique vendu sur nos marchés est le même riz que nous produisons à la seule différence que ce riz est soumis à un processus de transformation et que des emplois sont créés dans un autre pays. Au Tchad, nous faisons l’étuvage du riz en le lavant, le nettoyant tout en enlevant les impuretés dont le sable avant de précuire pour une transformation effective », explique-t-il de manière passionnée.

Le riz local tchadien contient du sable, il colle quand on le cuisine, et contient trop de sucre dont les diabétiques ne peuvent consommer. « Le processus de transformation vise à résoudre ces trois problèmes, dont l’indice glycémique qui est considérablement réduit », clarifie-t-il. Par le biais de l’agrobusiness, l’ingénieur financier a eu l’opportunité de séjourner pendant six semaines aux Etats-Unis. Boursier du programme Mandela Washington Fellowship, il acquiert l’expérience en agrobusiness à l’université d’Oklahoma. « Cette expérience m’a permis d’améliorer et d’accroitre mes compétences afin de pouvoir réfléchir sur la transformation des produit locaux », explique-t-il.  Du point de vue commercial, le marché international reste à conquérir, mais aussi le marché local qui est prometteur. « Nous savons que le marché tchadien, et les pays de la sous régions importent énormément du riz d’Asie. Si nous réussissons à accroitre la production locale, les marchés de la sous-région sont porteurs et nous allons exporter nos produits », dit-il.

De la volonté et de la détermination pour réussir

Commencer une activité nécessite des ressources financières, un capital humain, de l’intellect et de la détermination. La combinaison de ces éléments permet de lancer une initiative. « On peut avoir beaucoup d’argent et échouer un business, on peut avoir peu de ressources avec des objectifs bien clairs et une détermination pour y arriver. Les jeunes tchadiens qui ont peu de moyens, de la volonté, de la détermination avec une idée précise de ce qu’ils veulent faire peuvent réussir. Peu importe leur domaine, nous avons besoin d’un gros sac de volonté et de détermination pour réussir », souligne-t-il de long à large. « Chaque personne à une histoire et doit utiliser les moyens qui se trouvent autour lui pour atteindre ses objectifs », conseille-t-il.

   Bienvenu Daldigué