Edito

Pourquoi 2020 ne sera pas (encore) une année électorale

Pourquoi 2020 ne sera pas (encore) une année électorale 1

Emmanuel Macron et Idriss Déby Itno auront donc menti. Il n’y a pas eu d’élections législatives et locales ni au premier semestre, ni en fin d’année comme l’ont annoncé les deux chefs d’Etats l’année dernière à peu près à la même période.

La faute à la déstructuration du système politique qui a fini par rendre inefficace et l’administration et la classe politique au point où, rien ne bouge tant que le chef de l’Etat, lui seul, ne décide de donner un coup de fouet.

C’est ce qu’on a observé dans les longues tractations autour du choix des membres du Cadre national de dialogue politique (Cndp) et de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Deux organes chargés de réguler la marche vers les élections mais qui ont fait montre d’une inefficacité qui n’a d’égal que la qualité du casting ayant conduit au recrutement des membres. En fin de compte, aucune avancée significative en dehors du semblant de mise à jour de la cartographie électorale.

C’est dans ce contexte qu’on apprend qu’Idriss Déby songe sérieusement à changer d’opérateur (Lire Indiscrets) parce que le fichier en place, qui lui a pourtant permis de remporter les scrutins passés, ne lui inspire plus confiance. Si l’hypothèse venait à se réaliser, on aura droit à un nouveau recensement qui rallongera considérablement le chronogramme électoral. Pour les plus optimistes, en l’état actuel des choses, le Tchad sera prêt pour organiser des élections, au mieux au dernier trimestre 2020. Nous serons en ce moment à un semestre de la présidentielle de 2021. Difficile d’envisager deux scrutins sur la période sachant que le chef de l’Etat ne badine pas avec son propre mandat. Dès lors, deux options s’offrent à lui. Coupler la présidentielle et les législatives ou renvoyer (encore une fois) l’élection des parlementaires et conseillers municipaux aux calendes grecques. Dans la première hypothèse, la présidentielle sera sans intérêt.

Des options qui ne manqueront pas de mécontenter les partenaires au développement qui commencent à perdre patience face au manque de sérieux dans les préparatifs des élections et la fermeture de plus en plus accentuée de l’espace politique (lire Indiscrets).

On peut donc aisément penser que l’année qui s’annonce ne sera pas un long fleuve tranquille malgré le retour de l’embellie. Surtout que les fonctionnaires dont la patience est mise à rude épreuve pourraient entrer en grève dès le retour des fêtes de fin d’année si rien de concret n’est annoncé dans le message de fin d’année du chef de l’Etat. Surtout que l’artisan du dialogue avec la plateforme revendicative, Kalzeubet Payimi Deubet est en prison et il n’y a jusque-là pas d’initiative en son absence. Tout de même, joyeuse fêtes de fin d’année.

La Rédaction