Culture

Secteur du livre au Tchad : L’ASEAT dénonce une « dégradation inquiétante » et accuse le ministère de la Culture

Secteur du livre au Tchad : L’ASEAT dénonce une « dégradation inquiétante » et accuse le ministère  de la Culture 1

L’Association des Écrivains et Auteurs du Tchad (ASEAT) a tiré ce vendredi 14 novembre 2025, la sonnette d’alarme sur la « dégradation inquiétante » du secteur du livre dans le pays. Lors d’un point de presse, son président, Sosthène Mbernodji, a accusé le ministère de la Culture,   d’entretenir un climat « délétère » et de marginaliser les acteurs littéraires.

Selon Sosthène Mbernodji , les difficultés rencontrées par les écrivains se seraient aggravées depuis la nomination du ministre Abakar Rozi Teguil, jugé responsable d’un « sectarisme » et d’une « gestion exclusive » nuisant à l’ensemble du milieu artistique. « Tout le gotha culturel tchadien est à l’arrêt », a-t-il affirmé , évoquant une crise de gouvernance qui affecterait toutes les structures publiques liées au livre.

Le président de l’ASEAT a critiqué  la nomination de responsables non spécialisés à la tête des institutions majeures, comme la Bibliothèque nationale, et la transformation du Mois du Livre en une « activité folklorique ». « La Bibliothèque nationale et la Maison des patrimoines culturels sont  dirigées par des responsables, sans affinité avec le livre ou la culture.  Les cadres littéraires historiquement impliqués sont écartés au profit de personnes  proches du pouvoir. Et le mois du livre, et de la Lecture, considéré comme l’un des principaux événements littéraires du pays, a perdu sa vocation initiale. l’activité est devenue “folklorique” répétitive et dépourvue de contenu littéraire sérieux. Les auteurs, autrefois impliqués, ne sont  plus consultés », a-t-il précisé.

Sosthène Mbernodji a également reproché au gouvernement de n’avoir pas concrétisé une promesse de 400 millions de FCFA, annoncés en 2022 pour l’achat d’ouvrages d’auteurs tchadiens. Selon lui, ces fonds n’auraient jamais été décaissés, malgré les revendications de plusieurs éditeurs.

D’après Mbernodji, faute de soutien, les écrivains manqueraient régulièrement les salons internationaux auxquels ils sont invités. « En 2023, le Tchad, pays invité d’honneur à la Foire internationale du livre de Ouagadougou, n’avait pu dépêcher aucune délégation. D’autres rendez-vous majeurs à Paris, Libreville, Abidjan ou Niamey se déroulent également sans présence tchadienne », a-t-il déploré.

Selon le président de l’ASEAT, la Direction du livre est « affaiblie » et certains festivals, comme Le Souffle de l’Harmattan, n’obtiennent aucun soutien matériel ou financier. Il  affirme même que leurs éditions seraient « boycottées » par le ministère.

Face à ce qu’il qualifie de « péril culturel », Sosthène Mbernodji appelle le président Mahamat Idriss Déby Itno à intervenir d’urgence. Il demande la révocation du ministre de la Culture, l’organisation d’états généraux du livre et la création d’une Maison de l’Écrivain tchadien.

Le président de L’Association des Écrivains et Auteurs du Tchad,  demande par ailleurs,  au chef de l’État de soutenir personnellement les initiatives de lecture et d’écriture, notamment celles destinées aux jeunes. Une intervention présidentielle serait, selon  lui, déterminante pour « redonner un élan à la création littéraire au Tchad ».