Au Tchad, l’accès aux soins de santé reste un parcours du combattant, particulièrement pour les détenus politiques. Ce constat, bien connu mais rarement dénoncé avec force, soulève une question troublante : pourquoi ces citoyens, pourtant protégés par la loi, sont-ils privés de soins adéquats lorsqu’ils tombent gravement malades ?
Les établissements pénitentiaires du pays ne disposent ni d’infrastructures sanitaires adaptées ni de plateaux techniques capables de prendre en charge des pathologies sérieuses. Et pourtant, la législation tchadienne garantit à tout détenu le droit à des soins médicaux appropriés. Les responsables de ces lieux de détention ne peuvent ignorer cette réalité.
Les exemples ne manquent pas : du général Youssouf Boy au Dr Succès Masra, leader des Transformateurs, en passant par Abdoulaye Miskine, chef rebelle tchado-centrafricain, plusieurs figures politiques croupissent dans leurs cellules, souffrant en silence. Leurs avocats et médecins ont tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises. Mais leurs appels sont restés lettre morte, comme si « le chien aboie et la caravane passe » sans même un regard en arrière.
Pendant ce temps, les autorités proclament une volonté d’ouverture et de réconciliation, tendant la main à tous sans distinction. Mais cette main est-elle réellement sincère ? Ces détenus, malgré les tensions, avaient accepté de mettre leur expertise au service de l’État. Et pourtant, ils sont aujourd’hui abandonnés, privés de soins, de leurs médecins, et de tout accès à des structures médicales dignes de ce nom.
On dit souvent que « la santé n’a pas de prix ». Mais dans ce contexte, elle semble bel et bien en avoir un. Non pas en termes de coût des consultations ou des médicaments, mais dans le sens où elle devient un privilège inaccessible pour certains. Les demandes répétées de soins sous escorte sécuritaire sont systématiquement bloquées, sans explication. Et pendant que la maladie progresse, l’indifférence s’installe.
Faudra-t-il attendre que la mort frappe pour que l’on adresse des condoléances aux familles, ou que l’on rende hommage, avec une ironie cruelle, à « ces bons citoyens » ? Comme on dit, chacun son tour chez le coiffeur tant qu’on vit.
La Rédaction



