Edito

Leçon de prospective

Leçon de prospective 1

L’adage est connu. On en a usé et abusé. « Gouverner, c’est prévoir ». Pour nous à la rédaction de votre hebdomadaire, c’est à se demander si les autorités comprennent ce que cela veut dire quand ils le lisent dans leur discours ou le disent à l’occasion de meetings, d’interviews.
Le spectacle macabre que nous a offert la route nationale ce 12 septembre avec la mort de 9 compatriotes comme celui, moins mortifère qu’offre au quotidien certaines routes bitumées à l’intérieur de la capitale sont les conséquences de l’absence de planification. Pour faire court, c’est le visage d’un Etat qui ne prévoit pas ce dont aura besoin sa population dans un, deux, cinq ans. Et les Tchadiens savent que de 1996 à 2001, la fin de la ’’kermesse du désordre’’ annoncé n’a jamais eu lieu. Entre 2006 et 2011, le coût de vie s’est tellement renchérit que le troisième mandat du chef de l’Etat ’’consacré au social’’ a consacré exactement le contraire.
Et comme nous ne vivons pas dans un monde clos, le Niger, un Etat voisin aux caractéristiques quasi identiques à celles de notre pays a su donner en 10 ans, depuis la fin de la transition militaire une leçon de gouvernance. Parce que ce pays a eu la chance d’avoir un chef d’Etat qui ne s’est pas considéré comme « irremplaçable », le pouvoir en place a travaillé pour la postérité. En dix ans, peut-être un peu plus, le pays de la famine s’est donné les moyens de la marche vers le progrès. Des routes ont été construites, le pétrole est venu appuyer l’uranium comme source de devises donnant au pays une indépendance énergétique. Le Niger a annoncé au lendemain du sommet de l’Union Africaine qu’il a organisé avec brio (tiens, tiens) qu’il entend vendre le surplus de son électricité dans la sous-région… Sur le pétrole, il faudra rappeler utilement que notre voisin qui envisageait exporter son brut via le Tchad a fini par renoncer à cause de trop nombreux intermédiaires qui ont bloqué l’avancement du dossier. Le brut nigérien passera par le Bénin pour son exportation.
Comparaison n’est peut-être pas raison. Mais comment ne pas se poser la question ? Pourquoi eux et pas nous ? Et comment ne pas être tenté de répondre que chez eux, l’administration dotée de services pouvant anticiper la marche du pays a permis aux politiques de prévoir et travailler pour l’avenir. Il n’y a pas de honte à copier le bon exemple. Et ce voisin qui n’est pas si bien loti économiquement vient de nous en donner la preuve. On peut faire du bon avec peu, pourvu qu’on en ait la volonté. Sauf si pour soi, la prospective, c’est retrouver les acquisitions à l’étranger «le jour où ça va changer». Là, c’est de la mauvaise prospective.

La Rédaction