Culture

Achille Baldal : « tous les Tchadiens ne connaissent pas que faire usage de la kalachnikov »

Achille Baldal : « tous les Tchadiens ne connaissent pas que faire usage de la kalachnikov » 1

8 ans après son départ pour les Etats-Unis après moult tentatives pour s’installer dans son pays pour y apporter une touche particulière à la culture, Achille Baldal revient dans son pays dans le cadre du festival de reggae Afro’On. Celui qu’on surnomme Jager revient sur la scène musicale tchadienne avec quelques projets dans sa valise.

8 ans après votre départ pour les Etats-Unis, vous revenez pour la première fois sur la scène nationale. Dites-nous, quel est votre sentiment après avoir foulé le sol tchadien ?

Ravis. Je suis très ravi de revenir chez moi et d’être parmi les miens. J’ai retrouvé mon public après une longue absence indépendante de ma volonté. Ce n’est pas parce que je ne suis pas à la hauteur de leurs attentes mais j’étais occupé sur d’autres choses et il est temps pour moi de revenir au Tchad.
Est-ce que ce sont les échecs liés à vos projets ici à N’Djaména qui sont à l’origine de votre retour des Etats-Unis, où vous avez vécu une partie de votre vie et de carrière musicale ?
Tu as parfaitement raison de poser cette question. Mais comme le dit un adage populaire, « il faut reculer pour mieux sauter ». Il y a aussi un problème lié aux structures ici au Tchad. J’ai apporté tous mes matériels de là-bas pour pouvoir conquérir le terrain mais ça n’a pas été facile. En essayant comme, je me suis confronté aux difficultés et j’ai décidé de me retirer tranquillement pour me réorganiser avant de revenir avec beaucoup d’énergies. InchAllah, je remettrai Afrique Production (Ndlr, Maison de production des artistes musiciens) en marche très bientôt.

Quels sont donc vos projets à court terme…

Je vais rouvrir Afrique production, parce que je constate aujourd’hui qu’il manque cruellement des structures pour faire décoller la musique tchadienne et la rendre consommable à l’international. Notre souhait, c’est de produire des artistes.
D’ailleurs, depuis mon retour, j’ai remarqué que la musique avance dans le bon sens avec l’unique hic comme je l’ai relevé le manque des structures. Les jeunes se sont lancés dans la musique, surtout ceux qu’on a pu encadrer ou qui ont pu me côtoyer, avec un nombre de filles qui va croissant dans la musique. La plupart de mes choristes sont en train de faire une carrière solo donc c’est déjà une bonne chose qu’il faut encourager.

Qu’est-ce que vous reprochez aux politiques ?

Ils sont très occupés par la chose politique. Voyez-vous que personne ne mette la main dans la patte pour aider les artistes qui émergent. Il manque non seulement de mécènes et de sponsors mais les politiques ne s’en préoccupent guère. Un pays ne peut pas se développer sans la culture. Aujourd’hui, que ce soit sur le plan musical ou footballistique, il y a beaucoup plus d’artistes qui rehaussent les flambeaux de leur pays, le plus haut possible. Ils sont les acteurs incontournables du développement et de la paix. Notre pays a fortement besoin de cela. Il n’y a que la guerre qui domine les débats chez nous. Tous les Tchadiens ne connaissent pas que faire usage de la kalachnikov. Il y a ceux qui savent aussi tenir le micro donc, il suffit qu’on leur donne un petit coup de pousse. Nous avons le slam qui montre le talent des artistes tchadiens grâce à Croquemort. C’est déjà un plus pour ce pays.

On remarque que tous ceux qui vous connaissent vous appellent Jager. Dites-nous pourquoi ?

Éclat de rire. Ah oui !!! C’est bien vrai. Une très bonne remarque. « Jager » est un animal très rapide comme le guépard et je suis aussi très fort en rapidité quand je veux faire quelque chose c’est ainsi qu’on m’appelle Jager. Mais au fond, je ne sais pas pourquoi les gens m’ont collé ce nom.

Interview réalisé par Sabre Na-ideyam