Edito

Edito N° 101

Edito N° 101 1

Que vaut l’enseignement public ?

Le 12 septembre dernier, membres du gouvernement, élèves, parents d’élèves et quelques acteurs du système éducatif se sont retrouvés au palais du 15 janvier en présence de la première dame, Hinda Deby pour la 11ème édition de la remise des prix aux meilleurs bacheliers session de juillet 2018. Au cours de cet évènement, un fait n’est pas passé inaperçu.

Sur les 106 lauréats toutes séries confondues, l’on note seulement que 11 élèves venants des établissements publics dont un candidat libre et six des établissements techniques.

Il n’y a pas meilleur démenti aux propos de Aboubakar Assidick, ministre de l’éducation nationale et consorts qui tentaient vaille que vaille de soutenir que la cuvée des bacheliers de 2018 était de bonne facture malgré le haro des professionnels de l’éducation.  Au moment où le Syndicat des enseignants du Tchad  et ses membres maintiennent le piquet de grève à l’école du centre de N’Djaména et dans d’autres villes pour durcir leur position de revendication, des opportunistes se sont bousculés dans les centres d’examens lancés et organisés par l’Office National des Examens et Concours du Supérieur (Onecs) par l’appât du gain alléchés pour valider des examens qui ne devraient simplement pas se tenir. 

Droit dans ses bottes, le gouvernement a balayé d’un revers de mains les pistes proposées par ses partenaires en déclarant un taux de 80% d’exécution des programmes et passant outre les alertes de la plateforme syndicale revendicative pour organiser les examens.

Le niveau d’excellence tel qu’affiché, pour un pays soucieux de la formation de ses futurs cadres, doit interpeller la quiétude des plus hautes autorités. Ne pas le voir, c’est simplement faire la promotion de la médiocrité comme on le réalise aujourd’hui dans tous les secteurs de la vie publique. 

Il faut se ressaisir. L’urgence n’est ni l’instauration d’un bilinguisme intégral dès la rentrée prochaine qui, du reste est hypothétique, ni le recrutement à la pelle d’enseignants de matières scientifiques. L’urgence c’est de revenir aux fondamentaux et travailler avec méthode. Cela fait plus de dix ans que les esprits avertis ont commencé à attirer l’attention sur le manque criard d’enseignants dans les séries scientifiques. Se réveiller un matin et en faire une affaire d’Etat comme le font le chef de l’Etat et son ministre de l’éducation n’est pas sérieux. Il suffit de revisiter les conclusions des états généraux de l’éducation nationale et autres grandes réunions pour trouver la voie. La renaissance de l’école tchadienne doit être une question technique et non politique. Si du moins on cherche sérieusement à bâtir la nation de demain. Sans quoi, l’année prochaine à la remise des prix, il y’aura encore des coupures d’électricité. Preuve que nous sommes tellement médiocres que nous sommes incapables de nous assurer de l’électricité en permanence. La gouvernance est un tout.

La Rédaction.