Edito

Edito N°082

Edito N°082 1

Bravo au Hcc

Le fait aurait pu faire mouche. Susciter de vives discussions dans ce qui tient encore lieu d’agora à ce qui représente l’intelligentsia tchadienne. Il est, hélas, passé dans une indifférence comme beaucoup de faits qui engagent la vie de la nation mais ont été ignorés simplement.

Le 30 mars dernier, une délibération du Haut conseil de la communication indique qu’« une mise en demeure de sept jours est adressée à la direction de la station régionale de la Rtn (Radio et Télévision Nationale), assortie d’une interdiction formelle de diffusion de toutes informations relatives aux activités de la commune de Moundou pour une durée de trente jours à compter de la notification de la présente décision ».

A l’origine, un parti-pris évident doublé d’une charge xénophobe à l’encontre d’un huissier de justice ayant exécuté une décision d’un tribunal. Au passage, l’épouse de l’auxiliaire de justice en prend pour son grade, elle qui comme son mari, a le malheur de ne pas être du coin.

En diffusant ces propos, Radio -Moundou comme on l’appelle Communément, s’est mise en porte-à-faux avec les dispositions de son cahier de charges qui lui interdisent de «publier des émissions dont le contenu serait contraire aux bonnes mœurs, aux lois et à l’ordre public». L’organe de régulation a bien fait de rappeler très vite à l’ordre ce média qui manifestement, servait d’exutoire à un exécutif local porté sur la force et pas très à l’aise avec les règles et le bon sens. Moundou est pour l’heure, avec N’Djaména la seule ville où la diversité d’opinions s’exprime, parfois à la limite du correct usant des médias locaux selon leurs bords. Le ton du discours comme celui diffusé le 3 puis le 20 mars et sanctionné le 30 du même mois illustre simplement le degré de maturité politique des acteurs. Mais là n’est pas le propos…

Ce qui est à saluer dans la décision du Haut conseil de la communication, c’est qu’il commence aussi à rappeler les médias publics à l’ordre, chose plutôt rare. Pourtant, des raisons pour secouer le grand cocotier ne manquent pas. Le déséquilibre dans le traitement de l’information, la censure, voire la complaisance. Une pratique établie qui a fini par blaser l’opinion. Conséquence, les médias publics se sont vus retirer toute once de crédibilité.

Le Hcc doit continuer ce qu’il a commencé. Pousser vers le respect des règles, l’équilibre et militer pour un parti-pris dans les règles de l’art. Parce qu’une tendance, genre ancien régime voudrait que toute critique, même objective traduise un certain «manque de professionnalisme», ce qui est faux ! Tout comme rendre compte de la politique d’un gouvernement ne doit pas faire du reporter un être hermétiquement fermé à tout propos venant de l’opposition. Le défi ici, est celui de l’équilibre. Chose pas aisée, mais qui peut tout de même être obtenue par petites touches. Le Hcc vient de commencer. Nous lui disons bravo. Peut mieux faire.

La Rédaction