L’audience solennelle de la rentrée judiciaire 2025-2026 de la Cour des Comptes du Tchad s’est tenue ce matin au Ministère des Affaires Étrangères, en présence du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Allamaye Halina, ainsi que de nombreux représentants du monde judiciaire, notamment des magistrats, des avocats, des greffiers, des huissiers et des notaires. Cette cérémonie a été l’occasion de dresser le bilan de l’année judiciaire 2024-2025 et de présenter les priorités pour l’année à venir.
Placée sous le thème « La Cour des comptes face aux défis de la bonne gouvernance : transparence, redevabilité et lutte contre la corruption », la rentrée judiciaire 2025-2026 de la Cour des Comptes du Tchad s’est ouverte par un brillant exposé de la présidente de la Cour des Comptes, Zara Ibrahim Mahmat Itno, enrichi de références historiques. Cet exposé a permis de revenir sur les étapes marquantes de l’édification de l’institution, son évolution, sa mission et ses valeurs. Après cet exposé très applaudi, Zara Ibrahim Mahmat Itno a présenté quelques commentaires sur les réalisations de la Cour des comptes pour l’année écoulée.
Dans le cadre de ses missions de contrôle et d’audit ainsi que d’assistance pour l’année 2024-2025, la Cour des Comptes, selon Zara Ibrahim Mahmat Itno, a finalisé plusieurs contrôles importants. Parmi ces réalisations figurent : Le contrôle de gestion de l’Institut National Supérieur de Pétrole de Mao (INSPEM) pour la période 2021-2022 ; Le contrôle de l’exécution de la loi des finances de l’exercice 2023.
6 missions de contrôle de gestion ont été lancées, dont , 3 dans les Communes du 1er, 5ème et 9ème arrondissement de la ville de N’Djamena couvrant les exercices 2022 à 2024 et 3 autres missions en phase d’exécution concernant, le Centre National des Œuvres Universitaires (CNOU) ; L’Agence pour le Développement de l’Électrification Rurale de la Maîtrise de l’Énergie (ADERM) et le Centre de Contrôle de Qualité des Denrées Alimentaires (CECOQDA), couvrant la même période 2022-2024. Deux audits pilotes de performance, assistés par des experts, sont également en cours d’exécution à l’Hôpital de la Renaissance (HR) pour la période 2019-2024 et à l’Agence Nationale d’Appui au Développement Rural (ANADER) pour la période 2020-2024.
Concernant ses missions juridictionnelles, la Cour des Comptes du Tchad a réalisé plusieurs avancées notables. Elle a notamment mis en jugement, 167 comptes de gestion et mis en demeure 155 comptables publics n’ayant pas produit leurs comptes dans le délai légal ; Organisé 6 audiences d’installation et de prestation de serment pour 3 conseillers de la Cour des Comptes et 57 agents comptables, dont certains pour régularisation.
La Cour a également, finalisé le rapport sur l’examen des comptes des partis politiques de l’exercice 2023 en vue de leur éligibilité à la subvention publique ; Repris le contrôle de gestion de l’Office National de la Promotion de l’Emploi (ONAPE).
Par ailleurs, la Cour des Comptes du tchad a travaillé en collaboration avec plusieurs parties prenantes, notamment : L’Autorité Indépendante de Lutte Contre la Corruption (AILC) ; Le Ministère de la Santé Publique et de la Prévention ; L’Ordre National des Experts Comptables du Tchad (ONECT) ; L’Ordre National des Architectes du Tchad (ONAT) et les Organisations de la Société Civile (OSC) œuvrant pour l’amélioration de la bonne gouvernance et l’accès à l’information.
La Cour des Comptes est également membre actif de plusieurs organisations régionales et internationales, telles que , L’Organisation Internationale des Institutions Supérieures de Contrôle des Finances Publiques (INTOSAI); L’Initiative de Développement de l’INTOSAI (IDI) ; L’AFROSAI (Organisation Africaine des Institutions Supérieures de Contrôle). Et dans le cadre bilatéral, elle entretient des relations étroites avec plusieurs Institutions Supérieures de Contrôle sœurs, concrétisées par des accords de coopération avec, la Cour des Comptes CEMAC ; La Cour des Comptes du Maroc ; La Cour des Comptes du Sénégal ; La Cour des Comptes de France et La Chambre des Comptes de Russie.
Objectifs pour 2025-2026
Pour l’année 2025-2026, la Cour des Comptes du Tchad se fixe plusieurs objectifs ambitieux. Selon Zara Ibrahim Mahmat Itno, présidente de la Cour, il s’agit de, renforcer l’indépendance de l’institution ; Renforcer les capacités techniques et institutionnelles ; Planifier des contrôles et des audits dans les secteurs prioritaires et à risque élevé (éducation, santé, infrastructures, marchés publics, grands travaux, ressources naturelles) ; Renforcer les audits de performance et d’impact ; Renforcer le suivi systématique des recommandations et appliquer les sanctions prévues par les textes en vigueur en cas de mauvaise gestion ; Renforcer les partenariats avec les autorités judiciaires, les organes de lutte contre la corruption, les organes de contrôle interne des administrations, les partenaires techniques et financiers, les organisations de la société civile (OSC) et les médias pour promouvoir des bonnes pratiques par une gouvernance partagée.
La présidente de la Cour des Comptes du Tchad veut également renforcer la transparence et la communication avec le public ; et Publier plus fréquemment les rapports et organiser des journées d’échanges avec les parties prenantes sur le rôle de la Cour.
Autre projet : celui de la création des Chambres provinciales des Comptes. « Toutes ces actions s’inscrivent dans la dynamique de transformation de la bonne gouvernance que le Chef de l’Etat appelle de tous ses vœux et que notre institution s’engage à en être un acteur majeur d’où le thème retenu pour cette rentrée judiciaire 2025-2026 », fait savoir Zara Ibrahim Mahmat Itno.
Pour elle , le thème de cette rentrée judiciaire 2025-2026 « la Cour des Compte face aux défis de la bonne gouvernance : transparence, redevabilité et lutte contre la corruption », loin d’être un agencement parfait de mots, doit être une réalité palpable et tangible. « La transparence n’est pas un luxe démocratique. Elle est le fondement de la confiance publique et une exigence fondamentale dans la gestion des affaires publiques, mais elle n’est complète que si elle est suivie de redevabilité, pilier de la gouvernance responsable. Ce principe, qui est au cœur de notre mandat constitutionnel, guide l’ensemble de nos contrôles budgétaires, audits de performance, vérifications de régularité, examens de gestion et jugement des comptes de gestion », a souligné la présidente de la Cour des Comptes.
Cependant, reconnaît Zara Ibrahim Mahmat Itno , la redevabilité reste inégale, et souvent insuffisante , ce qui ouvre la porte à un mal plus insidieux, plus destructeur : « la corruption ». « La corruption quant à elle mine les fondements de l’État de droit. Elle détourne les ressources, freine le développement, affaiblit les institutions et alimente la défiance des citoyens. Face à ce fléau, la lutte contre la corruption ne peut être l’affaire d’une seule institution, c’est un combat d’intérêt général. Elle nécessite une coordination renforcée entre la Cour des Comptes et toutes les structures étatiques en charge de cette mission », a-t-elle lancé.