De nombreux caniveaux à ciel ouvert sont remarqués de plus en plus dans les rues de N’Djamena. Ces trous béants sont à l’origine de nombreux accidents.
Il est de plus en plus difficile de circuler dans la ville de N’Djamena au risque d’être blessé ou estropié. Sur les axes des quartiers Dembe, Chagoua en passant par Moursal, Ambassatna, Diguel, Farcha, Paris-Congo, Ridina le danger est là. Des caniveaux totalement ouverts sans dalle ni grillages rendent la vie difficile aussi bien aux chauffeurs qu’aux piétons qu’aux conducteurs des engins, qui malheureusement semblent s’en accommoder.
Constance Goua, une quinquagénaire mère de 7 enfants, habitant le quartier Dembe, a frôlé la mort après avoir été engloutie par l’un de ces trous béants. Elle nous raconte son expérience traumatisante. « Il y a environ sept mois, vers 19 heures, je me rendais dans une boutique près de la route pour acheter du savon quand j’ai basculé dans un trou et j’ai perdu connaissance » confie-t-elle. « Je n’arrivais pas à me relever et j’entendais seulement les gens crier autour de moi », ajoute-t-elle avec émotion.
Dame Constance s’en est sortie avec une jambe fracturée et a dû passer 2 mois à l’hôpital. « Depuis cet incident, je suis devenue beaucoup plus prudente lorsque je marche, surtout la nuit. Avec le mauvais éclairage de certaines routes, il est facile de trébucher et de tomber dans un caniveau ». précise-t-elle.
Un peu plus loin, au quartier Moursal, Mbaibarem Hubert, un enseignant du secondaire, est une autre victime de ces caniveaux à ciel ouvert. Lorsqu’il est assis, il semble indemne, mais une fois debout, les séquelles de son accident deviennent apparentes. « Il était environ 6 heures du matin. Je circulais en moto sur la grande voie lorsque, pour éviter un véhicule venant en sens inverse, j’ai fini dans un caniveau. Je suis resté inconscient pendant une trentaine de minutes. Je ne sais même pas qui m’a sorti du trou. J’ai subi plusieurs fractures à la jambe gauche, à la clavicule, ainsi qu’un traumatisme à la colonne vertébrale qui m’empêche de rester longtemps debout », raconte-t-il.
Très irrité, le professeur n’a pas pu s’empêcher d’exprimer son ras-le-bol. « Ce risque est présent dans presque toutes les rues de N’Djamena. Il est inconcevable que les autorités, qui utilisent ces rues quotidiennement, n’aient pas prix conscience de cet état de fait »,lance-t-il avec colère .
Souleymane, étudiant, se souvient également d’une chute accidentelle un soir dans un caniveau situé sur un axe principal du quartier Ridina, dans le 5e arrondissement. « J’ai eu de la chance, je m’en suis sorti avec une simple déchirure au mollet. Nous savons tous que ces caniveaux non couverts sur les grands axes sont des pièges potentiels qui occasionnent des accidents graves et parfois mortels, mais personne n’en parle. Comme toujours, on s’y est habitué, on a banalisé le danger et personne ne trouve cela anormal », affirme-t-il.
Issa Djibrine, chauffeur de taxi rencontré au quartier Farcha, pointe du doigt les agents chargés de nettoyer les caniveaux, affirmant qu’ils ne font pas leur travail correctement. « Les agents de nettoyage doivent effectuer un travail de qualité et complet. Ils enlèvent les dalles pour nettoyer les caniveaux, mais souvent ne les replacent pas. Si les caniveaux sont curés mais restent ouverts, cela augmente considérablement les risques d’accidents graves, notamment les noyades d’enfants, en raison de leur profondeur accrue. On ne peut pas parler de sécurité routière sans s’attaquer au problème des caniveaux. Les autorités doivent réagir et trouver une solution », déplore-t-il. Un autre citoyen abonde dans le même sens : « Les caniveaux doivent être protégés pour éviter les chutes. Leur fermeture est nécessaire, même si des dalles sont parfois abîmées ou manquantes. Le remplacement de ces dalles par la mairie est essentiel pour la sécurité de tous. De plus, l’esthétique de la ville s’en trouvera significativement améliorée ».
Au-delà de la prévention des inondations et des risques d’accidents, le recouvrement des caniveaux avec des dalles permet également de réduire considérablement la prolifération des mouches et des moustiques, vecteurs du paludisme, améliorant ainsi la santé publique et le cadre de vie des habitants.
F. Kedai Edith