Politique

Tchad : Le GCAP exige l’abrogation de la Constitution

Tchad : Le GCAP exige  l'abrogation de la  Constitution 1

Dans une déclaration faite le 17 septembre 2025,  le Groupe de concertation des acteurs politiques (GCAP), par l’intermédiaire de son porte-parole Max Kemkoye exige,  L’abrogation pure et simple de la Constitution actuelle ; L’instauration d’un moratoire constitutionnel pour gérer temporairement le vide constitutionnel ; L’établissement d’un consensus national en vue de la mise en place d’une assemblée constituante représentative de toutes les couches sociopolitiques et la  rédaction d’un nouveau projet de constitution qui sera soumis au peuple souverain pour adoption, afin de sauver la République.

Selon Max Kemkoye,  les Tchadiens doivent voir le danger en face. « Nous, au GCAP, nous l’avions prédit et nous vous avions mis en garde depuis le début de cette transition et de son processus, caractérisé par ses mécanismes, notamment le Dialogue National dit Inclusif et Souverain et ses élections successives, dont le référendum, la présidentielle, les législatives et les locales »,  rappelle-t-il.

Malgré cette prédiction à l’issue connue, poursuit le porte-parole du Gcap, « les laudateurs et autres accompagnateurs, pour leurs intérêts personnels, nous traitaient de Cassandres et nous reprochaient de faire la politique de la chaise vide, quand nous avions refusé de cautionner et de crédibiliser un régime militaire despotique ».

Pour Max Kemkoye, de prime abord, une proposition de loi n’a pas compétence pour légiférer sur un domaine constitutionnel. « Les propositions de loi, puisqu’elles émanent des députés, en tout cas les vrais, ne peuvent concerner exclusivement que le domaine législatif ou les matières législatives, principalement les lois ordinaires ou organiques qui précisent ou complètent une constitution et qui n’ont pas de caractère de loi constitutionnelle. C’est dire qu’une loi constitutionnelle ne peut pas résulter d’une proposition de loi, puisque la loi constitutionnelle, par définition, est la Constitution elle-même ainsi que toute loi de révision la modifiant, établie selon le processus et dans les formes arrêtées par cette Constitution. Première violation et falsification qui enlève toute légalité à cette révision dite technique »,  précise-t-il.

D’après Max Kemkoye, ce qui se passe est tout simplement la légalisation de la violation manifeste et outrancière de la Constitution par Mahamat Idriss Deby Itno, désigné par son parti président du MPS, et qui a posé des actes matériels en nommant son secrétaire lui-même.

Pour lui, deux violations consécutives sont faites. « La première, c’est la convocation outrancière du Congrès du Parlement. Deuxième étape de violation, puisque, de par les mécanismes constitutionnels, l’initiative ou la compétence de convoquer le Parlement en Congrès appartient seule au Président de la République pour rendre publiques des réformes majeures ou au Premier ministre pour rendre public un projet de révision constitutionnelle ou une déclaration de politique générale », précise-t-il.

Selon le porte-parole du GCAP, sans analyser au cas par cas les dizaines d’articles appelés à être modifiés, le moment est extrêmement grave , tant on assiste au dépeçage en règle de la République, soit par la résurrection de la loi portant Code pastoral en République du Tchad, soit par l’impéritie et la volonté d’accaparement de tous les pouvoirs, titres et fonctions possibles qui pourraient exister sur terre, avec la révision de la Constitution entérinée par le vote d’hier du rapport de la commission dite spéciale.

Pour Max Kemkoye, constitution veut dire la manière dont une chose est constituée, dont ses éléments combinés forment un tout commun. « Une chose, ici, représente le pays, et les éléments représentent les citoyens de ce pays. Ce sont les différentes idées constituées en un tout commun, dont le consentement en une règle générale qui doit organiser et régir la vie d’une République et de la Nation, qui est appelée Constitution. Ce n’est pas, en principe, l’affaire d’un parti ou d’un groupe de personnes », informe-t-il.

Le porte-parole du GCAP rappelle l’historique constitutionnel du pays : la Constitution du 31 mars 1996, première de l’ère démocratique, a subi des révisions en 2005 et 2013. Ensuite, la Constitution du 4 mai 2018 a été révisée en 2020 avant d’être dissoute en 2021. La Constitution du 29 décembre 2023 est actuellement en cours de révision, portant le total à sept constitutions. Il souligne que malgré cela, « le MPS règne sans constitution ».

Max Kemkoye  critique vivement la constitution actuelle, affirmant qu’elle a été « taillée sur mesure » pour Mahamat Idriss Deby Itno et que ses rédacteurs ont été mal inspirés. Selon lui, cette constitution est devenue « trop étroite pour les ambitions de Mahamat Idriss Deby Itno, qui cherche à accumuler tous les pouvoirs ».

Pour Max Kemkoye, l’objectif ultime de Mahamat Idriss Deby Itno, est de concentrer tous les pouvoirs – politique, militaire, économique et financier – pour mieux piller les ressources du Tchad.  Il souligne que les réformes constitutionnelles ne sont justifiées que lorsqu’elles répondent à un consensus national. Or, ajoute-t-il , « dans ce cas, la démarche est contestable. Face à cette menace contre les fondements de la République ». Max Kemkoye appelle à l’action : «  il faut dépasser l’immobilisme et les intérêts éphémères pour se mobiliser et protéger l’avenir du pays ». « Face à ce péril imminent qui menace le pays, la réponse sera donnée samedi après la publication de notre mémorandum sur l’état des institutions et de la Nation. Ce mémorandum, porté par l’opposition, appellera à une mobilisation générale réunissant les acteurs politiques non alliés, les organisations de la société civile crédibles, les personnes ressources et les syndicats autour d’un mot d’ordre politique et citoyen unitaire », indique-t-il.

D’après le GCAP, personne ne peut s’approprier un mandat au-delà de celui accordé par le peuple ni prétendre gouverner indéfiniment un pays et une nation. « Le processus en cours vise à régulariser une violation flagrante de leur propre constitution en octroyant un mandat irrégulier de sept ans pour Mahamat Idriss Deby Itno et de six ans pour les députés. Cette manœuvre contrevient au principe fondamental selon lequel la loi n’a pas d’effet rétroactif et ne s’applique que pour l’avenir »,fait-il savoir.

Le Groupe de concertation des acteurs politiques exige notamment, le  retrait pur et simple de la constitution actuelle ; L’instauration d’un moratoire constitutionnel pour gérer la période de transition ; L’élaboration d’un consensus national pour la mise en place d’une assemblée constituante représentative et, là  rédaction d’un nouveau projet de constitution qui sera soumis au peuple souverain pour adoption. « Ces mesures visent à sauver la République en crise », informe  le Gcap .

Lobey Bab Sidick