Edito

Le deuxième enterrement de l’école tchadienne

Le deuxième enterrement de l’école tchadienne 1

La nouvelle aurait pu provoquer un tollé. Elle est passée inaperçu sans doute parce que les parents, éprouvés par le difficile mois d’août et les coups de coude devant les guichets pour récupérer les maigres salaires qui ont été virés sur la même période. La mauvaise nouvelle est que les parents des élèves qui fréquentent les écoles et lycées officiel devront payer plus pour que leurs progénitures accèdent aux salles de classes où parfois, ils seront obligés de s’asseoir sur des bancs en terres battus ou sur des buches de bois pour prendre leurs leçons.

Cette décision prise à l’issue de la commission nationale des affectations et mutations (Conam) est un coup de grâce de plus, asséné par Moussa Kadam et ses techniciens. Quelles que soient les raisons qui ont conduit à cette décision, Moussa Kadam et les siens ont simplement décidé de fermer les portes de l’école publique aux fils de pauvres. Que vas pouvoir faire ce père de trois ou quatre enfants dont les champs sont en train de s’assécher à cause du retard des pluies, pour donner la chance à ses progénitures de bénéficier de l’instruction ?

A l’analyse, nous sommes tentés de penser que les inspecteurs et autres délégués à l’origine de cette décision cherchent plutôt à augmenter les caisses des associations de parents d’élèves (Ape), véritables vaches à lait des délégués, proviseurs et autres directeurs d’écoles, qu’une amélioration des conditions d’études. Des conditions d’étude qui n’ont eu de cesse de se dégrader comme la gouvernance du pays a fil des ans. Un tour dans les établissements publics comme le Lycée Eboué, le plus grand de la capitale peut donner une idée sur la place que les autorités et les gestionnaires des parents d’élèves accordent à l’éducation dans ce pays.

Ce qui est en train de se passer est grave. Il s’attaque même au principe constitutionnel qui veut que l’école publique soit gratuite. Si les parents ont accepté de contribuer aux charges de fonctionnement des écoles pour faciliter la tâche à l’Etat, cela ne doit pas être un prétexte pour spolier comme on sait si bien le faire. Que fait l’Etat des ressources allouer au secteur éduction ? A quoi servent les projets dont les 4×4 rutilantes écument les brousses au nom des enfants Tchadiens ? Moussa Kadam et Mahamat Seid Farah, deux vieux routiers du système éducatif Tchadien doivent apporter des réponses avant de justifier cette augmentation des frais de scolarité. Sans quoi, l’histoire retiendra d’eux, qu’ils auront été les fossoyeurs du deuxième enterrement de l’école tchadienne.

La Rédaction