Edito

Edito N°055

Edito N°055 1

Ce que demande la jeunesse

N’Djamena. Du 29 juin au 1er juillet plus de 300 jeunes africains issus des 54 pays tiennent leur premier forum panafricain au Tchad, un pays marqué par une crise financière aigue. « Tirer pleinement profit du dividende démographique en investissant dans la jeunesse », c’est le thème de ce forum.

Les problèmes de la sécurité, de l’immigration, de la paix, de l’emploi, de l’entrepreneuriat et bien d’autres sont des points inscrits au menu de la rencontre. Vu la pertinence de ces sujets, la tenue de ce forum n’est pas mauvaise en soi surtout qu’il  permettra aux jeunes d’apporter leur contribution dans le développement de l’Afrique. Alors il appartiendra aux jeunes «  de réécrire les pages des glorieuses histoires de l’Afrique » a déclaré le Président Idriss Déby Itno à l’ouverture des assises.

Mais au pays de Toumaî, personne ne peut affirmer que la jeunesse se réjouit de ses droits et devoirs ou penser qu’elle  vit bien pour contribuer à la rédaction de cette page de glorieuses histoires de notre continent. L’opinion nationale et internationale  savent que cette jeunesse est mal partie. Mal partie dans ses conditions de vie, très mal partie pour ses rêves toujours irréalisables. Si les étudiants tchadiens doivent passer cinq ans à l’université pour finir le premier cycle avec une  licence générale. Si les élèves finiront une année scolaire après trois à quatre mois de cours avec des scénarios, contraction de programme national prévu pour les neuf mois et qu’ils passeront la moitié de l’année à la maison avant de finir l’année scolaire, quelle compétence cette jeunesse aura-t-elle pour contribuer à ce développement ? Organiser de tel forum au nom de la jeunesse qui, toujours sacrifiée sur l’hôtel des intérêts politiques, c’est simplement se moquer d’elle. Vidés de tout espoir et toute leur foi, les jeunes vivent dans une situation de précarité indescriptible. Nous en voulons pour preuve, la fermeture des  portes de la fonction publique, le recrutement dans le secteur privé sur des critères subjectifs, la fermeture des amphithéâtres à cause des grèves répétitives.

A cela s’ajoute, le climat des affaires défavorable alors qu’on encourage l’entrepreneuriat à travers la création des entreprises. L’avenir des jeunes est hypothéqué par la politique. Pendant qu’on n’est pas à mesure de payer ses fonctionnaires et assurer les charges du domaine régalien de l’Etat, on se nourrit de tout pédantisme pour  organiser un forum à de coûts astronomiques. La sagesse aurait voulu, qu’on injecte ces sommes dans la résolution de la crise qui paralyse notre pays.  Ce n’est pas la renommée continentale ou planétaire  qui pourra changer la situation de notre pays.  C’est pour autant cacher la lumière du soleil avec une main. Ce qui ne peut se réaliser. Pour les jeunes,  l’organisation de ce forum dont le budget est supporté par les contribuables  constitue un mépris à l’égard des jeunes tchadiens.

La jeunesse tchadienne a besoin de trouver un emploi décent, d’être formé, se soigner et de s’affirmer. C’est en cela qu’elle constituera un fer de lance comme l’ont affirmé les politiques. Elle sera aussi l’âme de son pays. Il suffit pour cela d’imiter l’exemple du Rwanda qui, sans pétandisme et à force de travail et de bonne gouvernance a réussi à donner à sa jeunesse les conditions optimales pour apprendre et surtout se réaliser.

 

La Rédaction