Politique

L’évêque de Moundou vole dans les plumes des ministres Ngambayes

L'évêque de Moundou vole dans les plumes des ministres Ngambayes 1

L’évêque de Moundou, Monseigneur Kouralyeo Tarounga Joachim connu pour son franc-parler n’a pas dérogé à la règle en demandant à la délégation du gouvernement de transition en mission d’État dans la province a ne pas culpabiliser les victimes du massacre du 20 octobre 2022. Il leur demande de montrer leur patriotisme en démissionnant du gouvernement.

Dans une prise de parole pendant 10 minutes l’évêque de Moundou a donné un enseignement à la délégation gouvernementale qui se trouve dans la province pour un « message de paix ». L’occasion pour le prélat de dire ses 4 vérités aux membres de la délégation. « Il y a un seul contexte dans lequel la manifestation peut-être cause de morts. C’est dans un régime militaro-dictatorial », précise Mgr Kouraleyo qui met ces hommes politiques devant leur responsabilité. « Le 20 octobre 2022, il y a eu des manifestations au cours desquelles, beaucoup de jeunes ont été massacrés sous les balles réelles. Est-ce que c’est entre eux qu’ils se sont entretués ou ces balles viennent d’ailleurs ? Chacun de nous sait d’où sont parties les balles qui ont fauchées ces jeunes… Je dois vous dire et sans ambages que vous êtes comptables devant la nation, devant la communauté internationale et devant Dieu de la tuerie du 20 octobre », ajoute Monseigneur Kouralyeo Tarounga Joachim.

Cette mission déplore l’évêque, n’est rien d’autre de la propagande. « Vous… avez choisi de collaborer avec un régime militaro-dictatorial au nom de la théorie du moindre mal. Vous pensiez que si vous n’étiez pas dedans, les choses allaient être pires. C’est ce qu’on appelle la théorie des rouages. Mais moralement, choisir le moindre mal, c’est choisir le mal et le mal que vous avez choisi s’est bien produit et il s’évalue par plusieurs morts et de blessés. Maintenant, vient le moment de justifier », note l’évêque.

Et comme d’habitude, dénonce-t-il, et « cela n’étonne pas celui qui connaît les b.a.-ba de l’action politique, l’Etat n’a jamais accepté d’assumer sa responsabilité lorsqu’il y a des morts, lorsqu’il commet un crime et des injustices. Et cela n’est pas étonnant. La nature des régimes militaro-dictatoriaux est de commettre les crimes, puis par la suite chercher à couvrir ces crime».

Pour lui, Tout le ballet diplomatique, toutes les missions de propagandes comme celles conduite par cette délégation n’ont qu’un seul objectif : « couvrir le crime commis par le gouvernement le 20 octobre 2022». « Vous dites que ce sont les enfants qui se sont laissé manipuler. En réalité, ce ne sont pas les enfants qui ont été manipulés, ou plutôt, ce ne sont pas seulement les enfants qui ont été manipulés et instrumentalisés. Vous-mêmes, à l’heure actuelle et dans tout ce que vous êtes en train de dire et faire, vous êtes en train d’être manipulés et instrumentalisés. Vous êtes devenus le voile avec lequel on couvre de manière éhontée les crimes commis le 20 octobre 2022. Et vous avez mordu à l’hameçon. Vous avez accepté d’emboucher le clairon, le corps de la propagande pour couvrir la vérité du crime ».

Pour lui, il n’y a jamais eu de problème entre les populations dans cette ville. « Vous êtes venus dire aux gens d’accepter de vivre ensemble, voilà encore une manœuvre de diversion. Les gens ne sont pas battus entre eux, du moins à ce que je sache pour la ville de Moundou. Les gens n’ont pas besoin d’être réconciliés par vous. Ils ne sont pas battus entre eux, ils ne sont pas déchirés. La vérité du 20 octobre 2022, c’est que des citoyens ont manifesté leur mécontentement face aux injustices et surtout la volonté de conservation du pouvoir. Et s’il y a des gens à sensibiliser, c’est d’abord vous-mêmes, membres du gouvernement, ensuite les forces de l’ordre et de sécurité. Voilà des gens à sensibiliser », lance l’évêque de Moundou pour qui, cette visite vise à culpabiliser les victimes. « Si vous voulez montrer que vous avez un peu de dignité et de crédibilité, démissionnez. Démissionnez de ce gouvernement, parce que ce qui s’est passé tout le monde le sait, tout le monde l’a vu. Manifester ne peut pas être égale à être tué. Maintenant sonne l’heure de l’épreuve de la vérité. C’est le moment de montrer de votre patriotisme. C’est le moment de choisir votre camp, celui du peuple ou celui des bourreaux. A bon entendeur salut. Je vous remercie », conclu Monseigneur Kouralyeo Tarounga Joachim.

Stanyslas Asnan