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Le quotidien des femmes d’Intchi-kilia, dans le Kanem

Le quotidien des femmes d’Intchi-kilia, dans le Kanem 1

À Intchi-kilia, à plus de quatre-vingt kilomètres à l’ouest du Kanem des femmes se battent bec et ongles pour subvenir à leurs besoins et ceux de leur progéniture malgré une situation de plus en plus difficile. Sur les sites, elles s’organisent en groupement pour la culture maraîchère.

Ce jeudi, elles sont nombreuses, des femmes et filles à racler sous la chaleur accablante de ce mois d’avril leur unique site, Intchi-kilia, du nom du village, construite par l’Association d’action pour la recherche et le développement du Kanem (Ardek) dans le cadre le projet Confluences en partenariat avec Action contre la Faim. Regard préoccupé et pincé, Billah Abakar, l’une des membres de l’association Al Nadja décrit les conditions de vie dans cette bourgade. « Nous travaillons jour et nuits pour trouver de quoi nous nourrir et nourrir nos enfants. Il faut travailler toute la journée et revenir passer la garde la nuit pour éviter la dévastation des champs », précise Billah Abakar, son arrosoir en main.

Comme elle, de nombreuses autres femmes sont á pied d’œuvre ce jour. Les enfants ne sont pas du reste. Fatimé, retient l’appui des organisations non gouvernementales comme Ardek et Action contre la Faim qui leur ont permis de laisser de côté les motopompes, utilisés auparavant pour la culture maraîchère. « Au début, nous utilisons des motopompes. Et pour cela, il faut quotidiennement du carburant, des moyens pour l’entretien le groupe et faire déplacer les groupes, ce qui épuises souvent. Mais aujourd’hui, grâce au projet Confluences, nous avons été dotés en installations hydrauliques solaires, des pelles et des semences adéquates », précise-t-elle.

Les besoins sont exprimés en termes d’extension du site, jugé très petit mais aussi de moyens pour lutter contre la divagation des animaux et des insectes nuisibles à la culture. « Comme vous pouvez constater, nous avons clôturé le site avec la haie pour lutter contre la divagation des animaux les nuits. Acf et ses partenaires nous ont beaucoup aidé et j’espère qu’ils ne vont pas s’arrêter en chemin. Nous aimerions qu’ils nous trouvent des grillages ou autre moyen beaucoup plus solide pour protéger notre site », complète-t-elle.

« En dehors des panneaux et des semences, nous avons été dotés des outils aratoires, notamment des pelles, des râteaux, et des porte-tout », ajoute une autre bénéficiaire. Un appui important mais insuffisant pour les habitants d’Intchi-kilia, confrontés à une mauvaise pluviométrie comme la plupart des localités du Kanem.

Au moins 74 personnes gèrent ces deux sites d’Intchi-kilia d’une valeur de 2 hectares. « Dans cet ouaddis, il y a plusieurs spéculations qui sont mises en place. Il y a des semences d’oignon, des laitue, betterave, carottes et bien d’autres. Les recettes faites sont encaissées dans les groupements pour pallier d’éventuels problèmes et d’avoir accès aux services sociaux de base », précise Betlehem Tchipkeré Bari, chef de projet Confluences.

Un appui en aménagement agricole, installation des infrastructures pour les activités de maraichage, de production des plants pour la résilience environnementale, des semences et des formations est apporté aux bénéficiaires du projet Confluences d’Intchi-kilia, à plus de 80 kilomètres à Mao. Membres des deux groupements Al Nadja et Aywa du site d’Intchi-kilia, doivent arroser, racler le jour.

Stanyslas Asnan