Edito

L’heure du bilan et non des promesses

L’heure du bilan et non des promesses 1

Après la morosité des premiers jours, la campagne électorale semble désormais lancée avec la disparité que l’on a constatée depuis le début. Le président sortant avec une bardée des bureaux de vote occupe largement le terrain en dépit des protestations des autres candidats (certains comme Brice Mbaïmon ont même suspendu leur participation avant de revenir dans la campagne).

Sur le terrain, les moyens faisant la différence, les candidats qui sont restés dans la course essayent comme ils peuvent de porter leur message au peuple avec les moyens du bord. Mais le plus surprenant est le candidat sortant qui donne l’impression de redécouvrir un électorat qu’il cherche à charmer. Dans le discours d’Idriss Déby Itno, très peu de bilan et beaucoup de promesses. Des promesses de construire de la cohésion nationale et la cohabitation pacifique entre les Tchadiens, des promesses d’une embauche à ces désœuvrés que la fonction publique rejette depuis des lustres, des promesses de nouveaux hôpitaux, de nouvelles routes sans dire avec quelles ressources et à quelles échéances.

Ce que le Maréchal du Tchad fait semblant d’oublier, c’est que les populations, bien plus politisées qu’il ne pense, savent qu’en 30 ans de règne, ni leurs conditions de vie moins encore celles de leurs enfants ne se sont améliorées. L’argument du passage de 500 à plus de 3000 kilomètres de routes, du passage de 15 à 65% d’accès à l’eau potable ou encore d’un à une dizaine d’universités ne convainquent guère dès lors que l’on rapporte le sujet à l’indice de développement humain du Tchadien lamda qui peine à sortir du peloton de queue dans les classements mondiaux.

C’est là aussi que se trouvent les questions au centre du débat de cette campagne. Comme notre système politique n’a pas la culture du débat, Idriss Déby n’aura pas à répondre à l’opinion pourquoi, trente ans après son arrivée au pouvoir, il n’a toujours pas crée les conditions d’une alternance pacifique à la tête du pays par l’ouverture du jeu politique comme l’a fait son voisin Mahamadou Issoufou qui quittera la présidence le 3 avril prochain ? Comparaison n’est peut-être pas raison, mais il faut rappeler qu’en plus d’être sahélien, le Niger fait aussi face au terrorisme de manière bien plus violente que le Tchad. Ce que le Maréchal doit encore expliquer, c’est pourquoi, 30 ans après son arrivée au voir, il est impossible de sortir dans la rue pour exprimer son ras-le-bol sans être gazé alors qu’on peut violer allègrement les mesures barrières tant qu’il s’agit de chanter les louanges du pouvoir.

On n’en rajoutera pas sur le bilan économique, social et l’éducation qui ne sont guère meilleurs. Ce qui importe, c’est le devoir de redevabilité devant le peuple qu’il est censé représenter. Or, sur le coup depuis le lancement de la campagne, le Maréchal est hors sujet !

La Rédaction