Edito

L’honneur perdu de la police

L’honneur perdu de la police 1

Police et non milice. C’est ce que voudrait l’idéal républicain pour nos forces de l’ordre qui, hélas se sont illustrées par le contraire ces dernières semaines. Le récit de dame Fatimé Mahamat Soumaïla, trésorière des Transformateurs devant la barre pendant le procès des marcheurs le 12 février dernier a montré à ceux qui avaient encore des doutes, le vrai visage de notre police. Une police pas du tout policée avec une propension à la brutalité et à la violence qui lui enlève toute honorabilité.
Après la bourde de fin novembre à la radio Fm Liberté, quand des policiers ont violé le périmètre de la radio, brutalisant des confrères qui étaient en formation, on a espéré un rappel à l’ordre des troupes dans la perspective des chaudes semaines qu’on s’apprête à vivre à cause des élections présidentielles ponctuées de manifestations. Hélas, l’absence de professionnalisme de la police a été étalée au cours de ce procès où un individu appréhendé à seul s’est vu flanquer un procès-verbal pour trouble à l’ordre public. Plus grave, la police a montré un caractère partisan appelant les Tchadiens de religion musulmane à ne pas collaborer avec leurs compatriotes chrétiens. Les mêmes agents se sont illustrés par des actes de brutalité sur une femme dont le seul tort est d’avoir réclamé l’alternance au sommet de l’État.
Des policiers qui brutalisent des citoyens, c’est du quotidien nous dira-t-on. Mais la mission première de la police, s’il faut le rappeler est la protection des personnes et de leurs biens. Or, dans l’imaginaire populaire, le policier tchadien, qu’il soit de la brigade routière ou assis dans un commissariat est celui qui vit sur l’habitant quand il ne le maltraite pas. Des amendes et pénalités illégales quand ce n’est pas simplement du racket, l’honorabilité de la fonction de policier a été largement entamée depuis des années déjà.
Cette situation n’est que la conséquence de ce qui est décrié à longueur de journée, la mal-gouvernance. Dans le cas de ce corps, c’est plutôt la mauvaise gestion des carrières. Devenue un point de chute pour les soldats à cause des salaires plus avantageux, la police a fini par devenir au fil des ans le repères de nouveaux venus, sans expériences mais promus à des postes névralgiques à la grande frustration des expérimentés qui sont réduits à jouer aux exécutants pour les plus chanceux quand ce n’est pas le chômage…
Ce qui arrive à notre police, c’est ce qui arrive au pays. Les valeurs du travail et du mérite y ont foutu le camp et son honneur avec…

La Rédaction