Edito

Préserver le peu d’éthique qui reste à la justice

Préserver le peu d’éthique qui reste à la justice 1

L’affaire dit des « faux notaires » a peut-être pris fin par le retrait des charges à quatre parmi eux, nommés le 19 octobre dernier alors qu’ils avaient été nommés le 29 juillet par le même acte. On explique que le décret du 29 juillet a été pris en total désaccord avec la chambre des notaires qui a désapprouvé les quatre candidats pour diverses raisons allant des soupçons de faux en écriture, non-respect des délais de stage. C’est donc contre la volonté de leurs confrères que ces personnalités ont été nommés plombant l’ambiance au sein de ce corps, gardien de nos testaments, nos secrets et au sein duquel la bonne réputation et la confiance sont de mise.

Le décret du 19 octobre est une bataille de la chambre des notaires du Tchad face au ministre de la justice. Lequel s’est rendu coupable de complicité de faux et devra, si tant est qu’il tient à l’éthique tirer les conséquences de cet évènement qui terni encore une fois l’image écorné de la justice tchadienne. Il y’a un mois, nous rapportions dans ces colonnes que malgré les vives protestations des greffiers, la justice tchadienne a délivré un casier judiciaire vierge au secrétaire général du parti au pouvoir pour lui permettre d’obtenir le juteux siège de Président du conseil d’administration de la Star Nationale. Selon les règlements du secteur des assurances, ne peut aspirer à un poste d’administrateur dans le secteur une personne ayant été condamnée pour des délits économiques. Or, on le sait, Mahamat Zène Bada est un récidiviste en matière de détournements. D’où vient donc cette mauvaise foi qui emmène à vouloir coûte que coûte justifier ce qui est une évidence ?
Les deux affaires montrent que le garde des sceaux, en poste depuis deux ans ne peut revendiquer aucun bilan tendant à l’amélioration de l’environnement dans son ministère d’origine qui apparait plus aux yeux de l’opinion un instrument de répression qu’un instrument de régulation de la paix sociale.
Aujourd’hui, tous les observateurs s’accordent à le dire : on aura beau organiser des fora, changer d’institutions, nommer tel à la place de l’autre, multiplier des projets de réforme, tant que l’humble paysan ne saura compter sur le juge pour rentrer dans ses droits face aux puissants, on ne pourra aspirer à une société de paix et de développement. Ce n’est ni faute de compétence, moins encore de capacités. Ce qu’il faut à la justice tchadienne, c’est de la bonne volonté encouragée par une politique volontariste. Sinon notre pouvoir judiciaire continuera à ressembler à « Mangistrature à Bégou », le roman de l’excellent Djimrabaye Bourngar que nous vous engageons à lire à l’occasion du mois de livre 2020 qui a lieu du 02 au 30 novembre 2020.

La rédaction