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L’Etat de droit est en vacance au Tchad

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L’Etat de droit est en vacance au Tchad

Depuis la grève sèche lancée par le Syndicat des magistrats du Tchad (SMT), un véritable chaos s’est installé dans les geôles des commissariats et brigades sur l’ensemble du territoire national.

Jeudi 03 novembre 2016, il est 10 heures. Devant l’entrée du Palais de la justice de N’Djamena, sous un vent violent, soulevant de la poussière, le climat est boudeur. Les parkings sont vides. Dans la cour, les va-et-vient et les bousculades habituels des justiciables ont fait place à uneambiance de nécropole.Quelques gendarmes installés sous un hangar à l’entrée discutent  autour d’une tasse de thé.Les couloirs sont déserts. Les salles d’audiencesprésentent un décor inhabituel. Les tribunes, barres et chaises sont recouvertes d’une épaisse couche de poussière. Les portes des différents bureaux sont hermétiquement fermées. C’est une désertion totale de lieux.  Cela qui n’est pourtant pas sans conséquences pour les justiciables mais également constitue un véritable pied de nez pour  le respect des droits humains et de l’ordre social. 

Pour le Secrétaire Général des Syndicats des Magistrats du Tchad, Djonga Arafi, « la grève dans son ensemble a toujours des effets néfastes surtout quand il s’agit du secteur important comme celui de la justice. Vous avez constaté que le palais demeure désespérément vide, ce qui signifie qu’il n’y a pas des audiences et cela pèse sur la vie des détenues. Nous avons des détenues qui doivent être libérés mais ils ne le sont pas. Les mis en cause voient aussi le délai de leur garde à vue se prolonger. Les commissariats et les brigades sont érigés de facto en  tribunaux.», souligne-t-il.

Cette situation va occasionner de graves préjudices pour la population. Le Secrétaire Général des Syndicats des Magistrats du Tchad explique : « si la grève perdure, la population va certainement ressentir, pas seulement du point de vue judiciaire, mais des points de vue des actes juridictionnels tels que les casiers judicaires que nous délivrons, ceux qui espèrent  passer un concours seront bloqués par ces détenant.Nous avons aussi un sentiment d’inquiétude généralisé puisque désormais ce sont les brigades et les commissariats qui vont s’ériger en véritables juges dans la mesure où ils n’ont pas appris les métiers du juge et vous imaginez à quelle justice la population va s’exposer. Au-delàs de ça, les enjeux sont énormes où on va finalement noter l’absence d’un Etat de droit et l’Etat de droit va être en vacance. Vous conviendrez avec moi que l’Etat de droit est les piliers de la démocratie et son absence va nous amener dans un Etat de la police. Voilà la crainte dans laquelle sont imbibés les magistrats et les concitoyens.»

« Nous ne sommes pas allés en grève par gaieté du cœur mais c’est  la situation du pays qui nous oblige certainement à observer cette grève sèche et toutes ces choses sont les conséquences de cette grève et l’exemple  est celui de l’assassinat d’un monsieur pour une affaire de 3000f à Mandalia, le mercredi 02 novembre 2016 donc l’absence d’une justice se ressent. L’état dont la justice se trouve doit interpellé et nous attendons un dialogue franc dont préconise l’autre camp », conclutDjonga Arafi.

Djimnayel Ngarlenan et Mouteguingar Noudjigoto Oscar