Edito

Interdiction des clandos: la bêtise

Interdiction des clandos: la bêtise 1

Les motocyclistes, du moins les conducteurs de motos taxi n’ont plus le droit de circuler après 23 heures. Ainsi en a décidé le ministre délégué à la défense nationale et de la sécurité publique, le général de corps d’armée Mahamat Abali Salah. Un édit qui fait suite aux deux assassinats précédés de viols de deux femmes dans le 7ème arrondissement de la capitale courant février. La mesure a suscité des protestations qui finiront par fondre comme neige sous le chaud soleil de ce mois de mars. Les promeneurs attardés et autres malchanceux qui vont trainer tard doivent s’apprêter à subir le martyr des forces de l’ordre, plus prompts à spolier qu’à secourir un malheureux poursuivi par des brigands.

C’est cette réalité qu’ignore le ministre Abali Salah comme avant lui il y’a quelques années, un de ses prédécesseurs qui s’est empressé d’interdire l’activité, sans y parvenir parce que le chef de l’Etat, au cours d’une sortie dans la capitale s’est étonné du nombre important de motos dans la ville.

Plutôt que de procéder dans la précipitation et sans discernement comme c’est le cas, le gouvernement devrait avoir la lucidité d’intégrer le fait que les mototaxis font désormais partie du mode de vie des Tchadiens dans toutes les grandes villes. Loin d’être des problèmes, ils sont plus tôt la solution à plusieurs maux dont souffrent les Tchadiens. L’absence de services de transport urbains, l’insuffisance d’éclairage publique qui a fait des rues et ruelles de véritables coupe-gorges. Bref, c’est pour répondre à l’incurie du gouvernement que cette activité, visible seulement à Moundou il y’a une dizaine d’année s’est répandue dans tout le pays.

Pourtant, il aurait juste suffi d’une dose de bonne volonté pour encadrer cette activité qui, du reste, pourra devenir une source de recettes à travers la création d’une licence de conducteur de mototaxi.

Il est vrai, il y’a des conducteurs de mototaxis qui ont été complices de braqueurs. Il y’a aussi des policiers, des fonctionnaires, de simples citoyens qui ont été des complices de certains braquages. Donc argumenter sur le côté peu recommandable de ces jeunes qui, faute de débouchées essayent de joindre les deux bouts, ne tient pas la route. Ce qu’il faut pointer, c’est l’incompétence, sinon la mauvaise volonté de la police et des services de renseignement qui s’occupent de tout sauf de leur travail.

Sinon, ils auraient été capables de dire au ministre, si tant est qu’il écoute, qu’à N’Djaména comme en province, il n’y a pas de Samu et qu’en cas d’urgence, tout le monde ne peut pas se permettre un déplacement en véhicule vers un centre de santé ou un hôpital. L’insécurité n’est pas le fait des clandomen, il est la conséquence de l’incurie de l’Etat qui nomme de non professionnels et ne leur donne pas les moyens pour travailler comme il se doit. C’est ça qui est la vérité.

La Rédaction