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Cinq victimes du régime Habré gravement asphyxiés par des lacrymogènes

Cinq victimes du régime Habré gravement asphyxiés par des lacrymogènes 1

Les victimes des crimes et  répressions du régime Hissein Habré ont tenté une marche ce lundi 18 novembre 2019 pour réclamer le paiement de leurs dédommagements accordés par les chambres spéciales africaines et la justice tchadienne. Cette marche qui devait aller de l’Espace Festafrica au rond-point de la Mairie de N’Djaména a été stoppée devant le Lycée Félix Eboué par la police qui a fait usage des grenades lacrymogènes. Au moins cinq personnes sont hospitalisées.

C’est une foule constituée majoritairement de personnes de 2ème âge qui a pris d’assaut l’espace Festafrica à l’angle ouest du Lycée Sacré-Cœur cet après pour se rendre au rond-point de la mairie centrale, l’itinéraire de la marche. Mains sur les têtes, certains tenant des pancartes à la main sur lesquels on peut lire : « ’’nous, victimes du régime de Hissein Habré, revendiquons notre indemnisation’’, ’’ne continuer pas à nous tuer’’ ». C’est sous des coups de sifflet qu’ils amorcent l’avenue Mobutu vers la destination.

Arrivée sous l’échangeur en face de Lycée Félix Eboué, une équipe de police leur demande de montrer l’autorisation de marche. « Nous avons suivi la procédure en écrivant au ministère de l’intérieur et à la mairie pour leur donner l’itinéraire de cette marche. Vous pourrez l’encadrer », répond le président de l’Association des victimes des crimes et répressions d’Hissein Habré (Avcrhh), Clément Abaïfouta. Une réponse qui ne satisfait pas les responsables de la police sur place qui ont soudain intimé aux marcheurs l’ordre de faire demi-tour. Ce qu’ils refusent. Le ton monte. Au bout de quelques minutes, l’ordre a été donné aux policiers qui ont tiré au moins onze grenades lacrymogènes. Asphyxiées, des femmes pour la plupart en larme, toussent, tombent et vomissent en cascade. Certaines sont transportées d’urgence au siège de l’Association.

C’est la désolation et l’incompréhension qui règne au siège de l’Association. Le président de l’Avcrhh, lui n’en revient pas. « C’est dommage que dans un pays qui se dit démocratique et membre des Nations-Unies respectueux des droits de l’homme qu’on agisse comme si nous sommes dans un siècle primitif. Dans nos actions pour la réclamation de nos droits qui durent aujourd’hui huit mois, nous n’avons touché les cheveux de qui que ce soit. Nos actions ont toujours été pacifiques.  Mais on nous a encore envoyé les agents de la Dds. Si les gens qui manifestent mains nues sur la tête pour réclamer leurs droits peuvent être violentés, c’est que la Dds n’est pas partie. C’est dommage que le procès de Hissein Habré et agents de la Dds n’ait pas donné de leçon », regrette-t-il.

D’après le président de l’Association des victimes des crimes et répressions d’Hissein Habré (Avcrhh), Clément Abaïfouta, ces policiers seront eux-aussi conduits un jour devant la barre. « La loi fondamentale de ce pays nous autorise de marcher pacifiquement. C’est ce que nous avons fait. Des victimes qu’on a tuées, violées et rendues inaptes toute leur vie qui réclament leurs droits et on vient encore les violenter », se désole Clément Abaïfouta.

Le président Avcrhh Clément Abaïfouta appelle le président de la République Idriss Déby Déby à s’investir personnellement dans cette affaire. « Si le président a perdu onze de membres de sa famille, il doit s’investir pour  que justice nous soit rendue immédiatement au cas contraire, les policiers nous auront sur leur chemin », ajoute-t-il.

Stanyslas Asnan