Le président national du RNDT-Le Réveil, Pahimi Padacké Albert, a ouvert ce vendredi le 6ᵉ congrès ordinaire de son parti, dans un contexte politique qu’il décrit comme un « verrouillage systématique de l’espace démocratique ». Faute d’accès aux salles publiques, les assises se tiennent au siège national, un choix qu’il qualifie de révélateur d’une « dérive autoritaire » du pouvoir.
« La restriction de l’espace public ne se limite plus aux interdictions administratives des marches pacifiques. Elle s’étend désormais à la fermeture physique des salles de réunion », a dénoncé d’emblée Pahimi Padacké Albert.
Initialement prévu plus tôt, ce 6ᵉ congrès se tient avec un décalage dû au calendrier électoral chargé de la fin de transition. Le leader du RNDT-Le Réveil a salué l’engagement financier inédit des militants, soulignant que les contributions ont majoritairement émané de la base (éleveurs, paysans, étudiants et diplômés sans emploi) plutôt que des cadres traditionnellement proches de l’Etat. « Cette pyramide inversée des cotisations forge la solidité de notre parti sur ses fondations profondes », a-t-il insisté.
Revenant sur les mutations politiques depuis 2019, l’ancien chef du gouvernement a rappelé que son parti était arrivé deuxième à la présidentielle de 2021, avant que le décès du maréchal Idriss Déby Itno ne plonge le pays dans l’incertitude. « À ce moment précis, rares étaient ceux qui pouvaient parier que le Tchad s’en sortirait », a-t-il expliqué, justifiant la participation de son parti au gouvernement de transition comme un « défi historique pour sauver la nation en péril ».
Si Pahimi Padacké Albert a salué l’Accord de Doha et le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) comme des étapes majeures vers la pacification, il a déploré l’essoufflement rapide de la transition. « Les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs », a-t-il regretté, parlant d’un « déraillement de la transition tchadienne ».
Le président du RNDT-Le Réveil a vivement critiqué l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE), qu’il considère comme l’un des symboles de l’échec du processus électoral. « Un organe permanent nommé par le pouvoir, quel qu’il soit, ne pouvait rassurer les acteurs politiques dans un pays où les suspicions sont profondes », a-t-il affirmé.Il a dénoncé un « partage arrangé entre le MPS et ses alliés », rappelant que son parti n’a officiellement obtenu que onze sièges aux législatives, alors qu’il en avait gagné entre 55 et 60.
Le sénateur a plaidé pour une réforme profonde du code électoral et a appelé le chef de l’État à une gouvernance plus inclusive. « Monsieur le Président de la République, exclure ceux qui n’ont pas voté pour vous est un piège », a-t-il averti, appelant à mobiliser toutes les compétences nationales, au-delà des appartenances partisanes.
Sur le plan institutionnel, Pahimi Padacké Albert a dénoncé l’impasse du vivre-ensemble, conséquence de la conquête du pouvoir par la force et de l’hypercentralisation. « La République est devenue un butin, et la frustration, la vraie majorité silencieuse du pays », a-t-il conclu, pointant les limites de la décentralisation et le référendum constitutionnel du 17 décembre 2023.
Kedaï Edith



