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16 jours d’activisme : la LTDF alerte sur la montée des violences numériques faites aux femmes et aux filles

16 jours d’activisme : la LTDF alerte sur la montée des violences numériques faites aux femmes et aux filles 1

La campagne internationale des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles se tient chaque année du 25 novembre au 10 décembre. Elle vise à mobiliser les populations du monde entier pour prévenir et éliminer toutes les formes de violences basées sur le genre. Durant cette période, diverses activités de sensibilisation sont organisées afin de rappeler l’urgence de protéger les droits des femmes et des filles.

Cette année, la campagne se déroule autour du thème : « Tous unis pour mettre fin aux violences numériques faites aux femmes et aux filles ». Un thème qui, selon Épiphanie Dionrang, présidente de la Ligue tchadienne des droits des femmes (LTDF), illustre l’évolution d’un phénomène en pleine mutation au Tchad . « Les violences se transforment, se digitalisent et envahissent désormais nos téléphones et nos espaces virtuels », alerte-t-elle.

Entre N’Djamena, Sarh, Moundou, Bongor et Pala, la LTDF a enregistré 542 cas de violences basées sur le genre. Parmi eux : 64 viols, 25 féminicides, 30 violences conjugales, 76 violences physiques, 90 violences psychologiques, 89 maltraitances d’enfants, 15 mariages précoces et plusieurs cas d’abus, de chantage, de harcèlement ou d’exploitation sexuels.

Bien que le Tchad dispose de plusieurs textes juridiques protégeant les femmes, notamment la loi 006 interdisant le mariage des enfants, l’ordonnance 003 sur les violences faites aux femmes et aux filles, ainsi que le Code pénal révisé, Épiphanie Dionrang déplore une application encore trop faible. « Les poursuites restent rares, la prévention insuffisante et l’impunité demeure fréquente », regrette la présidente de la LTDF.

D’après Épiphanie Dionrang, une nouvelle forme de violence prend de l’ampleur et constitue une menace réelle : le cyberharcèlement. «  Nous faisons face aujourd’hui à une nouvelle vague, cyberharcèlement, chantage numérique, diffusion non consentie d’images intimes, campagnes de haine sexiste, menaces virtuelles », explique-t-elle. La présidente de la LTDF estime que ces violences numériques sont « réelles, destructrices et encore trop ignorées ».

Face à cette situation, La présidente de la Ligue Tchadienne des Droits des femmes appelle les autorités à agir  en :

·       adoptant une loi nationale spécifique contre les violences numériques basées sur le genre ;

·       créant une brigade de cyberprotection ;

·       harmonisant les politiques numériques avec les standards internationaux ;

·       mettant en place un système de signalement accessible et rapide ;

·       appliquant des sanctions claires contre les auteurs ;

·       renforçant la formation de la police, de la justice, des leaders religieux et traditionnels ;

·       et surtout, en protégeant les organisations féministes, souvent premières actrices et premières cibles.

Un programme riche pour les 16 jours d’activisme de la LTDF

Pour cette édition 2025 des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles,  la LTDF prévoit une série d’activités allant de la Fitness Party avec dépistage du cancer du sein, aux formations en teinture à Mandelia et Moundou, en passant par une résidence créative et une table ronde sur les enjeux de Beijing et l’inclusion des femmes vivant avec un handicap.

En parallèle, une campagne digitale d’envergure sera menée durant toute la période afin de toucher un public plus large et de renforcer le message de prévention.