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La classe politique tchadienne pleure Golhor Ali Gabriel

La classe politique tchadienne pleure Golhor Ali Gabriel 1

La classe politique tchadienne pleure Golhor Ali Gabriel

Golhor Ali Gabriel, membre fondateur et secrétaire général de la convention pour la démocratie et le fédéralisme (Cdf) et porte-parole adjoint de la coordination des partis politiques pour la défense de la constitution (Cpdc) a tiré sa révérence ce jeudi 9 août 2018 après une courte maladie.

Les responsables des partis politiques de toute sensibilité parlent de la perte d’un homme intègre, d’un franc-parler et d’un combattant de la démocratie.

La mort de Golhor Ali  Gabriel surprend  toute la classe politique tchadienne puisque c’est l’un des plus anciens hommes politiques  que le Tchad a connu. C’est pourquoi, Mahamat-Ahmat Alhabo, président du Pld et vice président du cadre national de dialogue politique, (Cndp) parle d’une perte difficile pour la classe politique tchadienne et d’une disparition qui va laisser un vide difficile à combler. «Golhor était un militant de très longue date qui est l’un des pionniers du processus démocratique de notre pays. Tout le monde se souviendra de lui pour sa brillante intervention lors de la conférence nationale souveraine», relève-t-il.

Le secrétaire général chargé des élections de son parti (Cdf) Ngarignan Ilngar se souvient d’un homme intègre et d’un baobab de la politique. «J’ai connu Golhor Ali Gabriel en 1993 lors de la conférence nationale souveraine. Dans ses dénonciations après l’arrestation de Ngarledji Yorongar, président de Far, je trouve en lui, une référence, car il disait tout haut, ce que je pensais tout bas. Nous avons mis ensemble la lutte des initiatives fédérales avec le défunt Béyom René en donnant des conférences et en écrivant des manifestes sur cette arrestation. Le défunt Golhor était le secrétaire général du Mouvement révolutionnaire du peuple (Mrp), parti du défunt Kamougué qu’il a créé à Brazzaville avant de se rallier à Hissein Habbré. Nous avons quitté ce parti parce que René Douguengar, président à l’époque dudit mouvement se rapprochait des forces vives d’Abdéraman Djasnabaye pour créer la convention pour la démocratie et le fédéralisme (Cdf). Ali Gabriel Golhor est un homme intègre, un homme de parole. Quand nous nous sommes connus, nos chemins ne se sont jamais séparés sauf la mort», ajoute-t-il.

Salibou Garba, président de l’Alliance nationale pour la démocratie et le développement (And) et membre de la Cpdc , son compagnon de lutte  considère Golhor comme son grand frère avec qui il a tissé des relations qui dépasse le cadre politique. « Ali était pour moi plus qu’un camarade, un ami et un grand frère. Je l’ai connu pour la 1ère fois en 1972 à Paris lors du congrès de l’association des stagiaires et étudiants tchadiens, section de la Féanf. Il était un monsieur d’une droiture rare, d’un franc-parler qui exprime ce qu’il pense sans mâcher ses mots. J’ai perdu un grand-frère, la classe politique perd un soutien incommensurable et le pays perd un grand homme à un moment où il traverse une crise multidimensionnelle indescriptible. Dans les débats difficiles qui s’annoncent, nous avons besoin des gens comme lui qui disent la vérité et qui n’ont pas peur de le dire », déplore-t-il.  Pour lui, il s’agit d’une perte brusque et brutale car, le défunt discutait avec les responsables syndicaux et de la société civile, pas plus tard encore qu’avant-hier pour voir la conduite à tenir par rapport à la situation actuelle du pays. «C’est comme une malédiction pour le pays. Nous avons perdu Ibni, puis Kamougué et aujourd’hui c’est Golhor que nous perdons. Ce sont des figures qui nous manquent énormément. Ce sont des personnalités qui auraient pu peser dans l’évolution de la situation actuelle. Nous essaierons de continuer ce combat sans lui», regrette-t-il. Salibou Garba le décrit comme un homme de conviction, de détermination et un insoumis.

Né le 5 décembre 1945 à Dilingala dans la région de Mandoul, Golhor Ali Gabriel a effectué ses études primaires à Dilingala et secondaires à l’école publique de Moïssala puis au Lycée Félix Eboué de N’Djaména. Après l’obtention de son baccalauréat en série scientifique (sciences ex) en 1965, il décroche deux ans plus tard un graduat en sciences commerciales, financières et consulaires au centre universitaire d’Anvers en Belgique, une licence en sciences économiques appliquées à l’Université de Mons (Belgique) en 1970, puis un doctorat d’Université (économie financière) à l’Université de Paris I. Membre fondateur et du bureau exécutif du mouvement démocratique du Tchad (Mdt) en 1979, puis du mouvement révolutionnaire du peuple en 1983, Golhor Ali Gabriel a était député à l’Assemblée nationale de 2001-2011 et membre parlementaire de la CEMAC. En 2015, le feu Golhor était président du cadre national de dialogue politique (Cndp) et de 2017 jusqu’à sa mort, il est le porte-parole adjoint de la Cpdc. Il a occupé plusieurs postes de responsabilité comme directeur d’exploitation adjoint et directeur commercial de Shell-Tchad (1976-1979), directeur d’exploitation de Pétrodis (1980-1981), puis son directeur général -1981-1982). Il a servi comme responsable du service commercial de Mobil Oil France à Paris (1973-1974) et service financier de Bmw France (Bagneux) de 1974-1975. Père de six enfants, il a été président de l’Association des étudiants tchadiens dans le Benelux (Aetb), le 1er secrétaire de l’Union générale des étudiants et stagiaires tchadiens (Ugest) et président de l’association des stagiaires et étudiants tchadiens en France (Asetf). Il intervient actuellement en tant qu’enseignant dans quelques instituts de N’Djaména.

Stanyslas Asnan