La Tanzanie est plongée dans une crise post-électorale marquée par une flambée de violence. Depuis le mercredi 29 octobre, des manifestations contre le pouvoir ont éclaté, entraînant la mort d’environ 700 personnes, selon les estimations de l’opposition et de certaines organisations internationales. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies a confirmé, le vendredi 31 octobre, dix décès supplémentaires dans la capitale, Dar-es-Salaam.
La violence a suivi l’annonce des résultats des élections présidentielles et législatives par la commission électorale. Le scrutin s’est déroulé dans un climat de forte tension, l’opposition dénonçant un processus inéquitable. Les deux principaux adversaires de la cheffe de l’État, Samia Suluhu Hassan, avaient été précédemment emprisonné et disqualifié, laissant le champ libre au parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), qui dirige le pays depuis son indépendance en 1961.
Des centaines de manifestants sont descendus dans les rues pour protester contre ces résultats contestés, se heurtant violemment aux forces de l’ordre.
Le bilan d’environ 700 morts est avancé par l’opposition. « Au moment où nous parlons, le nombre de morts à Dar-es-Salaam est d’environ 350 et il y en a plus de 200 à Mwanza (nord). Si l’on ajoute les chiffres des autres endroits dans le pays, on arrive à un total d’environ 700 morts », détaille John Kitoka, porte-parole du parti d’opposition Chadema.
Cependant, la transparence autour du nombre exact de victimes est difficile à établir. Amnesty International accuse les forces de sécurité de tenter de contrôler le récit officiel. Un chercheur de l’organisation a indiqué : « Les forces de sécurité sont dans les hôpitaux. Elles essaient de contrôler le narratif sur le nombre de victimes pour ne pas mettre en difficulté le gouvernement ».
La situation demeure extrêmement tendue dans plusieurs villes du pays, alors que la population continue de contester la légitimité du processus électoral et réclame la transparence des résultats.


