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« On me tapait sur la plante des pieds pour me faire passer aux aveux»

« On me tapait sur la plante des pieds pour me faire passer aux aveux» 1

« On me tapait sur la plante des pieds pour me faire passer aux aveux»

Kemba Dida Alain, 2ème porte-parole du mouvement citoyen Iyina a été interpellé le lundi 19 février par la police qui l’a accusé de tenter de brûler des pneus. Détenu près d’une semaine, il a été libéré le 26 février 2018 après le classement sans suite de son dossier par le procureur qui a estimé qu’il n’y avait pas d’éléments pouvant soutenir l’accusation.

Il revient pour Le Pays sur les circonstances de son interpellation.

Kemba Dida Alain : Ce lundi, je me rendais tôt le matin au stade d’habena pour faire du sport. Arrivé devant l’entrepôt du Pam juste après Fm Liberté, j’ai demandé au conducteur de mototaxi de s’arrêter pour que je puisse me soulager.  Je me soulageais quand j’ai vu un véhicule de la police passer. Après cent mètres, ils ont rebroussé chemin pour discuter avec un passant. Entre temps, nous étions repartis mais le véhicule de la police nous rattrape et les policiers se sont jetés sur nous pour nous rouer de coups. On nous demandais « où est l’essence ?». Ce que je n’ai pas compris. Ils nous ont ensuite ramené là où je m’étais soulagé et quelques minutes plus tard, l’un d’eux est revenu avec une bouteille contenant de l’essence disant que c’est à moi. Nous avons ensuite été conduits au commissariat où on a été bastonné avant d’être enfermés.

Comment se sont passés les quatre jours de détention ?

Le mardi, le commissaire central m’a fait sortir pour m’interroger. Il voulait m’obliger à reconnaître que le carburant était à moi. Ensuite, il posait des questions sur le mouvement Iyina. Qui nous finance ? Pourquoi nous voulons déstabiliser le régime, etc. Les interrogatoires étaient parfois musclés. On me tapait surtout la plante des pieds pour me faire passer aux aveux. Le jeudi, le commissaire m’a fait venir encore une fois pour me demander d’écrire une lettre d’excuse en reconnaissant les faits. Chose que j’ai refusé. Il a fallu que je déclenche une grève de la faim pour qu’on me transfère à la police judiciaire. C’est là que j’ai pu accéder à mon avocat Me Midaye. Voyant mon état, il a demandé la permission au procureur de me ramener à la maison pour des soins avant ma comparution ce lundi.