Dans un rapport alarmant publié ce mercredi 27 août 2025, l’organisation Reporters sans Frontières (RSF) dénonce une campagne de surveillance et d’intimidation visant les journalistes au Tchad. Le document décrit les méthodes d’une traque invisible qui musèle la presse et étouffe la liberté d’information dans le pays.
Au moins six journalistes tchadiens ont témoigné auprès de Reporters sans frontières (RSF) avoir été surveillés et suivis par des individus en tenue civile ou militaire au cours des dix-huit derniers mois. Cette méthode, employée par les services de renseignement selon l’organisation, vise les professionnels des médias couvrant des sujets sensibles.
Les filatures, devenues récurrentes ces dernières années, ciblent des journalistes perçus comme critiques envers le pouvoir. Les témoignages recueillis selon RFS, décrivent un mode opératoire similaire : des véhicules aux vitres teintées, souvent sans plaques d’immatriculation, suivent les journalistes et rôdent près de leurs domiciles et lieux de travail.
Parmi les victimes figure Djimet Wiche, journaliste pour Alwihda.infos et correspondant de l’AFP, qui a confié à RSF ne plus oser sortir après 18 heures par crainte pour sa sécurité. D’autres, comme Jules Daniel Yo-Hounkilam du journal Libérateur ou Nedoumbayel Bonheur d’Electron TV, ont été contraints à l’exil ou à la clandestinité après avoir publié des enquêtes critiques.
Un climat de peur et d’autocensure
Ces pratiques portent gravement atteinte à la liberté de la presse et à la santé mentale des journalistes et de leurs proches. Alphonse Mbaindoroum, animateur à la Radio FM Liberté, a ainsi cessé son émission hebdomadaire après avoir été régulièrement suivi.
Contactées par RSF, les autorités tchadiennes n’ont pas donné suite aux demandes d’explications. L’Agence nationale de sécurité de l’État (ANSE) a nié toute implication dans des programmes de surveillance ciblant des journalistes.
Un contexte répressif plus large
Ces filatures s’inscrivent dans un environnement déjà très hostile pour la presse au Tchad, marqué ces dernières années par des assassinats, des arrestations arbitraires, des actes de torture et des interdictions de diffusion. Le cas le plus récent à celui de Olivier Monodji et sa rédaction du journal Le Pays qui font face à une menace de surveillance incessante. En juin 2024, le procureur de N’Djamena a même menacé de poursuites les journalistes enquêtant sur le massacre de Mandakao.
Face à cette répression par la peur, RSF exige des autorités tchadiennes qu’elles mettent fin immédiatement à ces pratiques et garantissent l’exercice du journalisme sans représailles.
Deuh’b Zyzou