Le rapport annuel de la Banque mondiale sur l’Évaluation des politiques et des institutions (CPIA) en Afrique, publié le 10 juillet 2025, fait état d’une note moyenne stable, tout en mettant en lumière l’urgence pour les gouvernements africains d’améliorer la fourniture des services essentiels afin de promouvoir une croissance inclusive et durable.
Le rapport CPIA 2025 évalue la qualité des réformes politiques et institutionnelles dans les pays d’Afrique subsaharienne bénéficiaires de l’aide de l’IDA pour l’année civile 2024. Il indique que la note moyenne de la région est restée similaire à celle de l’année 2023, soit 3,1 points (sur 6). La forte dynamique de réformes dans certains domaines a été contrebalancée par les mauvaises performances enregistrées dans la gouvernance, tandis que les améliorations sont concentrées dans les pays affichant déjà de bons résultats.
Comme le souligne le rapport, la satisfaction des besoins des citoyens africains exige des pouvoirs publics qu’ils agissent pour fournir des services dans un contexte où les financements extérieurs sont limités. L’évaluation CPIA apporte aux décideurs politiques et aux investisseurs internationaux des indications essentielles sur les mesures de réforme spécifiques qui contribueront à assurer des services publics efficaces et à promouvoir un avenir plus résilient et prospère pour l’Afrique subsaharienne.
C’est dans ce contexte que le rapport note une vague de mécontentement populaire sur le continent africain en 2024, une année marquée par des manifestations de jeunes et un net déclin du soutien aux dirigeants politiques en place. Ce constat se reflète dans les résultats des enquêtes menées dans la région, qui révèlent une insatisfaction croissante à l’égard de la qualité des services publics, lesquels restent à la traîne par rapport à d’autres régions, en particulier dans les domaines de l’infrastructure, du capital humain, de la sécurité et des capacités administratives. « Pour que se crée un sentiment de but commun et pour renforcer la confiance, il est crucial que les citoyens croient dans la capacité du gouvernement à transformer efficacement les ressources publiques en services essentiels » a affirmé Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique. « Il est clair que les populations de toute l’Afrique attendent de leurs dirigeants qu’ils se mobilisent davantage pour leur permettre de réaliser leurs aspirations. Notre rapport CPIA pour l’Afrique souligne le besoin urgent d’une gestion transparente des ressources publiques et de services efficaces et de qualité pour répondre à une insatisfaction croissante et permettre aux citoyens de donner la pleine mesure de leur potentiel. », a-t-il ajouté.
Le rapport annuel de la Banque mondiale sur l’Évaluation des politiques et des institutions en Afrique, décrit en détail les lacunes importantes recensées dans divers secteurs des services publics. Les services liés aux infrastructures, notamment les transports, restent sous-développés, ce qui nuit à l’activité économique et à la qualité de vie. Les niveaux élevés de pauvreté sont exacerbés par le manque d’accès aux infrastructures publiques, en particulier pour ce qui est des systèmes d’assainissement. Le développement du capital humain reste entravé par la mauvaise qualité de l’éducation et les carences des services de santé, au détriment du bien-être des citoyens et de leurs perspectives de revenus une fois sur le marché du travail. En outre, la capacité des gouvernements à assurer un niveau de sécurité de base est mise à mal, le nombre de victimes des conflits ayant presque triplé entre 2014 et 2024. Les services administratifs, essentiels pour un environnement des affaires florissant, restent également à la traîne en Afrique subsaharienne, avec des résultats particulièrement médiocres dans des domaines tels que l’implantation des entreprises et les services financiers.
En dépit de ces défis, le rapport note plusieurs évolutions positives. De nombreux pays ont fait preuve d’une plus grande discipline budgétaire, avec des efforts de réduction de la masse salariale et des subventions aux carburants, tout en réalisant des progrès dans la consolidation de leurs dettes. Des actions sont également en cours pour mettre en œuvre des accords sur la facilitation des échanges, tirer parti des technologies numériques et renforcer la réglementation du secteur financier. Le rapport met par ailleurs en exergue les avancées accomplies dans l’autonomisation des adolescentes grâce à des réformes juridiques et politiques, ainsi que dans le renforcement des systèmes de protection sociale. « Si certains pays ont fait des progrès louables en ce qui concerne la prudence budgétaire et la transformation numérique, les problèmes liés à la mauvaise gouvernance, au manque de transparence et à l’insuffisance de capacités de mise en œuvre continuent de saper les efforts déployés pour fournir les services essentiels. La croissance économique seule ne suffit pas pour relever ces défis fondamentaux ; il faut montrer aux populations que les gouvernements peuvent agir à leur service, en aidant à tracer un chemin vers un avenir meilleur » a expliqué l’auteur principal du rapport CPIA, Nicholas Woolley.