Santé

L’automédication, une pratique dangereuse pour la santé

L’automédication, une pratique dangereuse pour la santé 1

Neuf personnes sur dix interrogées à N’Djamena avouent avoir recours à  l’automédication  et cela, sans s’inquiéter de rien.  Selon les professionnels de la santé, se soigner seul demeure une pratique dangereuse pour la santé.

L’automédication est définie par l’organisation mondiale de la santé (Oms), comme étant le fait qu’un individu ait recours à un médicament  de sa propre initiative ou de celle d’un proche dans le but de soigner une affection ou un symptôme qu’il a lui-même identifié sans avoir recours à un professionnel de la santé. C’est une pratique que bon nombre de personnes à N’Djamena avouent recourir, quand ils se sentent un peu mal à l’aise. «  On ne peut pas aller à l’hôpital pour tout. Le paludisme par exemple n’est pas difficile à diagnostiquer. Quand je sens un peu froid et que j’ai mal à la tête, je sais déjà ce qu’il faut prendre pour me soulager », souligne Nicodème.

Pour soulager un mal de tête, ou de ventre , celui-ci dit,  se procurer  parfois des médicaments chez le vendeur d’à côté.  «Il  suffit d’aller chez les Dr « tchoukou » (ndr vendeur de médicaments à la sauvette) du quartier pour se procurer un antipaludéen comme le Artemether  accompagné du paracétamol et c’est tout», relate le  jeune homme.

Un avis que partage partiellement un autre rencontré à la sortie d’une pharmacie de la place. « Ce n’est pas dans mes habitudes d’aller directement à l’hôpital, mais au moins les médicaments de la rue je n’en consomme pas au vu des conditions de conservation qui ne sont pas respectées. Je préfère venir à la pharmacie me procurer ce dont je veux », relativise-t-il.

Selon Neloumta Eugénie, pharmacienne,  les médicaments les plus sollicités  sont  les antipaludéens, les antibiotiques, les antalgiques, les médicaments contre le mal d’estomac et pour lesquels la présentation d’une ordonnance n’est pas obligatoire.  « Je peux vendre un médicament à quiconque , mais je m’assure de m’informer sur les symptômes du patients pour lui donner les conseils d’utilisation »,  explique-t-elle.  La professionnelle de santé émet tout de même des réserves. «  on peut exiger l’ordonnance dans certain cas, notamment pour les maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension ou d’autres maladies exigeant la prise continue des médicaments » renseigne-t-elle

L’automédication détruit la santé

Dans le cas de l’Afrique, notamment, l’automédication est aussi associée à des faux médicaments ou des médicaments contrefaits imitant le conditionnement, la forme, la couleur et la présentation du médicament original. Ces médicaments peuvent être sans principe actif, avec un principe actif diminué, ou contenir des substances toxiques.  Selon l’Oms , 10% des produits pharmaceutiques sont contrefaits. Un pourcentage qui atteint 30% en Afrique, informe Afononé Labiangbo, médecin au centre hospitalier la renaissance de N’Djamena

Pour lui, l’automédication est une pratique à proscrire. «  La prise d’un médicament sans avis  médical ou conseil d’un pharmacien peut masquer les symptômes et fausser l’interprétation des résultats biologiques. Cette pratique expose au risque d’interactions médicamenteuses, elle peut diminuer l’effet de certains médicaments, mais aussi en augmenter la toxicité. Se soigner seul avec des médicaments non appropriés peut entraîner d’autres maladies », martèle-t-il

                   Ndjondang Madeleine