Santé

Tchad : la distribution des pumply’nut booste la vaccination des enfants

Tchad : la distribution des pumply’nut booste la vaccination des enfants 1

Afin de rattraper le retard dans le calendrier vaccinal des enfants au Tchad, certains centre de santé qui ont en leur sein des unités nutritionnels ambulatoires (Una) de prise en charge des enfants malnutris, organisent des séances de vaccination des enfants couplées avec les jours de distribution des suppléments nutritionnels (plumpy’nuts). Une stratégie qui marche plutôt bien.

Debout devant les hangars entourés de bâches qui abritent le programme d’Unité nutritionnelle ambulatoire (Una) du centre de santé d’Ambatta I, quartier périphérique de N’Djamena Est, Mariam Nour tenant son bébé de 10 mois à califourchon sur sa hanche gauche, foulard bleu ciel noué sur sa tête, attend impatiemment d’enregistrer son enfant pour une prise en charge de malnutrition modéré. Mais avant, les agents de santé réclament la carte de vaccination de son nourrisson, un document désormais indispensable dans cette unité. « La distribution de suppléments alimentaires pour enfants malnutris faite par l’Una, draine de nombreuses mères avec des bébés malnutris et parfois jamais vaccinés. La stratégie que nous avons mise en place, nous permet de détecter ces enfants non vaccinés et de leur administrer des vaccins », explique Dieudonné Kom, le responsable du centre d’Ambatta I.

Selon le responsable, la priorité au centre de santé d’Ambatta I est la vaccination des enfants. « C’est pas du tout normal que ces enfants soient exposés et vulnérables alors que la ville de N’Djamena regorge des centres de vaccination dans toutes les formations sanitaires. Ici, nous privilégions surtout la vaccination de 9 mois. Ces bébés reçoivent les antigènes comme celui de la rougeole, la méningite et de la fièvre jaune car la majorité sont presque exposés à ces maladies » informe-t-il.

Assise sur une natte non loin de Mariam, Yamadji, vingt ans, mère d’un petit garçon de 9 mois est à son 3ème rendez-vous à l’Una. La jeune maman, fait partie de celles qui sont arrivées à l’unité nutritionnelle avec un enfant jamais vacciné et atteint de malnutrition aiguë. « Je n’ai jamais fait de visite prénatale et j’ai accouché à la maison. Tout allait bien pour mon bébé jusqu’à son 9ème mois où il est tombé malade. Il n’arrivait plus à s’alimenter et maigrissait a vu d’œil c’était inquiétant », raconte Yamadji. Son enfant a eu la vie sauve grâce aux soins prodigués par les agents de santé de l’Una. « Lorsque le l’ai amené (son enfant) à l’UNA, les agents de santé m’ont dit que si mon bébé était si malade c’est parce que je ne l’avais pas vacciné. Ils lui ont administré des vaccins avant qu’on le prenne en charge. Dieu merci, le pire est passé, maintenant mon bébé se porte mieux », se réjouit-elle.

Créée en 2015 avec l’appui des partenaires, Médecins sans frontière (Msf) et Unicef, l’unité nutritionnelle ambulatoire du centre de santé d’Ambatta I accueille et prend en charge les enfants atteints de malnutrition aiguë et sévère de 6 à 59 mois. D’après le responsable du programme, elle a permis depuis sa création de détecter et faire vacciner des milliers d’enfants. Toutefois, le responsable admet que des efforts restent encore à faire, surtout dans le domaine de la sensibilisation. « Nous avons établis des programmes avec les relais communautaires et consultants misent à notre disposition par nos partenaires, pour descendre dans les quartiers sensibiliser les communautés. Avec des boîtes à images, nous leur expliquons tout ce qui concerne la santé de la mère et de l’enfant. Ce qu’il faut faire pour que le bébé ne manque pas sa vaccination, l’importance du vaccin et de la consultation prénatale », renseigne-t-il. Mais, ajoute une des relais communautaires du centre, « Ce n’est toujours pas facile de faire comprendre aux parents, de l’importance de faire vacciner son enfant et de respecter le calendrier vaccinal de routine pour le prémunir de jusqu’à 97% pour au moins 10 ans de certaines maladies ; qu’à chaque fois qu’ils repoussent un vaccin, ils augmentent la vulnérabilité de leurs enfants face à la maladie. Peu importe ce que vous leur dites, ils trouvent toujours des moyens de se justifier ».

Quoique l’on constate une augmentation de la couverture vaccinale au Tchad, selon les estimations Oms/Unicef (Penta 350% en 2019 et 52% en 2020), pour la coordinatrice adjointe du programme élargie de vaccination Mbailamen Demain Antoinette, force est de constater que les défis à relever restent énorme. « Notre pays reste toujours confronté à une vaccination de routine de loin en deçà des objectifs régionaux de 90% de couverture vaccinale aux niveaux des districts et 80% au niveau national », relève-t-elle.

Kedaï Edith