Politique

Vers un silence des leaders de Wakit Tamma au jugement du 6 juin

Vers un silence des leaders de Wakit Tamma au jugement du 6 juin 1

Le collectif d’avocats des six leaders de Wakit Tamma dénonce véhément les conditions d’enlèvement, de déportation et de jugement de ses leaders et demande aux autorités respecter leur droit de garder le silence.

« Face à une justice aux ordres, ne présentant aucune garantie d’un procès équitable, nous sommes obligés d’opposer une défense de rupture » : c’est la quintessence du message du collectif d’avocats des leaders de Wakit Tamma, arrêtés, déportés et qui seront jugés le lundi 6 juin prochain, dans des conditions peu orthodoxes dénoncées par la défense mais aussi les associations de défense des droits de l’homme.

Me Marius Nodjiasdé, l’un des avocats des six leaders de Wakit Tamma réitère la décision des avocats de la défense à ne pas collaborer à ce qu’ils qualifient de « mascarade ». « Nous demandons instamment aux autorités de transition et au procureur de la République de N’Djamena, qui croient devoir allègrement violer la loi pour assouvir leurs besoins purement politiques, d’observer à tout le moins la stratégie de défense adoptée par nos clients, allant de leur refus de comparaître, à leur droit de garder le silence », ajoute-t-il.

Le collectif d’avocats doute de la crédibilité d’une « justice aux ordres », qui ne présente d’après eux « aucune garantie d’un procès équitable ». « Nous sommes obligés d’opposer une défense de rupture, » réaffirme Me Marius Nodjiasdé qui demande aux autorités de faire libérer sans condition tous les détenus envoyés « au baigne » de Moussoro.

Les avocats dénoncent aussi l’audience foraine devant le Tribunal de Grande instance de Moussoro. « Cette audience dite foraine va parachever les violations massives des droits de la défense commises depuis le 14 mai par le Cmt et ses bras séculiers, dont le Procureur de N’Djamena, qui disait, sans gêne, avoir agi sur les instructions de la hiérarchie », dénonce l’avocat qui se demande : « où est passée la théorie de la baïonnette intelligente »?

Une audience foraine insiste-il, peut être tenue au profit des justiciables lorsque le tribunal de leur localité venait à être supprimé. « En réalité, le but d’une audience foraine est de faire l’accès à la justice aux justiciables qui sont privés de tribunal et ainsi remédier à l’éloignement dont souffrent certaines localités. On ne peut appréhender des personnes dans le ressort d’une juridiction matériellement et territorialement compétent à les juger, les déporter dans le ressort d’une autre juridiction de même degré pour y être jugés par les autorités judiciaires du lieu de leur arrestation », fustige-t-il.

Pour lui, ce n’est pas la justice qui a déporté leurs clients à Moussoro mais la partie civile elle-même.

Stanyslas Asnan