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« Je dis souvent à mes filles je t’aime et je leur donne de l’argent » : Aché Bougoudi du Kanem

« Je dis souvent  à mes filles je t’aime et je leur donne de l’argent » : Aché Bougoudi du Kanem 1

Au deuxième jour de la sensibilisation d’action contre la faim à travers le projet « Confluences », Aché Bougoudi, a séduit l’assistance par son témoignage.

Après le lycée Alifa Zezerti de Mao, c’est au tour du Collège d’éducation générale du même nom situé à quelques encablures de l’autre établissement, de recevoir l’équipe des modèles genre du Kanem sur qui s’appuie Action Contre la Faim dans la sensibilisation pour la réduction des inégalités.

Mariam Khamis Goudja, la responsable laboratoire d’analyse d’eau du Kanem, Abdelkérim Mbodou Tahér, point focal santé reproduction du Kanem, Fatimé Zara Béchrir, présidente d’antenne Celiaf ainsi que Aché Bougoudi, infirmière et présidente de la plateforme des groupements des transformateurs des produits du Kanem se sont succédés pour donner des témoignages de leurs parcours et vécu dans le but de stimuler les jeunes et surtout les jeunes filles à se débarrasser des préjugés et combattre l’analphabètisme, un véritable fléau dans la région.

Poignant, le témoignage de Aché Bougoudi a séduit la centaine d’élèves des deux classes de 3ème réunis pour la circonstance. En plein milieu de son récit, la maman lance : « Moi, je me bats pour mes enfants. Je donne de l’argent à mes filles et je leur dis tout le temps : je t’aime. Arrivée à l’école ou au quartier, si un garçon leur tend de l’argent, elle dit maman me le donne déjà à la maison. S’il lui dit je t’aime, elle n’est pas déstabilisée car elle sait qu’à la maison, on lui dit déjà ça. Cela évite à la fille de se faire avoir et laisser tomber l’école »,  précise-t-elle.

Toute la salle a longuement applaudi avant de laisser continuer cette infirmière et leader qui ne manque pas de la repartie. Abdelkerim Mbodou Tahir, le point focal de la santé sexuelle et reproductive déplore le phénomène du mariage précoce et du faible taux de fréquentation des centre dans le Kanem par les femmes durant la période pré, néo et postnatale. Selon ses chiffres, à peine 18% de femmes viennent dans les centres de santé pour ces consultations. Il a encouragé les filles à renouer avec l’école après l’accouchement au cas où elles arriveraient à tomber précocement enceintes.

Quelques élèves ont posé des questions faisant part de leurs préoccupations à l’instar d’Abakar Mahamat pour qui, « si les filles ne vont pas au mariage tôt, vu leur nombre (Ndlr : 52% de la population tchadienne), elles risqueraient de devenir des prostituées ». Ce à quoi sa camarade Souraya Abakar Abdoulaye répond : « ce ne sont pas toutes les femmes qui sont ainsi. Avant, nous ne connaissions pas nos valeurs, mais avec l’arrivée du projet Swedd (un projet de l’Ue en faveur des femmes) et la sensibilisation d’Action Contre la faim, nous avons compris que nous femmes comptons beaucoup pour la société », lui a-t-elle répondu.

Abgué Boukar Christophe, envoyé spécial à Mao