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Les derniers adieux à Mateyan Bonheur

Les derniers adieux à Mateyan Bonheur 1

La dépouille du jeune conducteur de mototaxi, Mateyan Manayel Bonheur, tombé sous les balles de la garde du président de l’Assemblée nationale le 04 novembre dernier est accompagnée par un cortège interminable jusqu’au cimetière de Toukra où il est enterré ce samedi 23 novembre.

C’est une mobilisation monstre des jeunes qui a commencé dès la matinée avec le retrait du corps de Bonheur de la morgue jusqu’à son inhumation à Toukra. Des automobilistes et cyclistes ont envahi littéralement les avenues Mobutu et Jacques Nadjingar qui vont de la morgue au domicile familial du défunt au quartier Atrone, sous le regard d’un dispositif policier musclé déployé aux abords de la route. Les uns vêtus des T-shirt avec le portrait de Bonheur, vuvuzela ou sifflet à la bouche, électrifient l’ambiance et les autres, portant des banderoles sur lesquelles on peut lire entre autres, « ’’Kabadi assassin’’, ‘’Cessez de nous tuer’’ », répondent par des chants ou des slogans hostiles au président de l’Assemblée, à la police qui fait profil bas et aux gouvernants de manière générale, sous le regard curieux de nombreux badauds.

Au domicile familial, la cérémonie est marquée par quelques interventions des parents, amis et groupes de jeunes. Un des membres de la famille a pris la parole pour exprimer sa reconnaissance par rapport à la compassion, l’élan de solidarité manifesté par les Tchadiens depuis le décès de Bonheur. Il s’est ensuite appesanti sur la procédure judiciaire. La famille a été choquée lorsque les membres de la protection de Kabadi interpellés ont été remis en remis en liberté, a-t-il souligné. Mais grâce à la mobilisation d’un collectif d’avocats créé spontanément, ceux-ci sont de nouveau arrêtés, placés sous mandat de dépôt et la procédure suit cours, s’est-il réjoui. Quant à la prise en charge des orphelins laissés par le défunt, des garanties sont données mais rien concret pour l’heure, a-t-il relevé.

Si le représentant de la famille a tenu discours d’apaisement, du côté des jeunes, c’est le ras-le-bol. « Vous les Ans, allez dire à ceux qui vous envoient que jeunesse tchadienne est fatiguée de leur système de gouvernance. Nous sommes fatigués de nous laisser assassiner comme des chiens. Nous ne sommes pas leurs moutons qu’ils sacrifient. Nous n’avons plus peur d’eux et nous ne nous laisserons pas faire comme nos parents », lance Ndomal Claudia, représentante du collectif des jeunes. Pour le représentant des étudiants de l’Université Adam Barka où a étudié Bonheur, « personne ne devrait mourir de cette façon. Quand nous planton un arbre, c’est pour en cueillir le fruit. Bonheur est un arbre dont on n’a pas encore cueilli le fruit ».

Après cette cérémonie au domicile familiale, cap sur le cimetière de Toukra. Là, c’est une véritable marée humaine qui prend d’assaut toute la voie publique. Automobilistes, motocyclistes et piéton s’entremêlent au même rythme autour du corbillard transportant le corps. Sur leur chemin, policiers, douaniers, agents forestiers se sont éclipsés. Si le cortège est plutôt discipliné, quelques éléments incontrôlés se sont illustrés par des actes de vandalisme. Arrivé au rond-point de Walia un policier qui trainait par là à moto s’est vu attaqué. Celui-ci a pris la tangente laissant son engin qui a été brûlé. Ensuite, devant le lycée de walia, les postes agents forestiers construit en secko est brûlé à son tour pour les jeunes.

Le cortège qui a quitté le domicile familial à 14h est arrivé 16h au cimetière de Toukra où Bonheur repose désormais.

NM