Societé

N’Djamena : La magie des fêtes à l’épreuve de la vie chère

N’Djamena : La magie des fêtes à l’épreuve de la vie chère 1

À quelques jours des célébrations de fin d’année, la pression monte progressivement dans la capitale tchadienne. Si les marchés de N’Djamena grouillent de monde, l’enthousiasme des préparatifs se heurte cette année à une réalité économique difficile pour de nombreux  foyers.

L’effervescence des fêtes gagne peu à peu les artères de la ville. Au marché de Dembé, situé dans le 6e arrondissement, les allées sont de plus en plus encombrées. Jouets colorés, vêtements neufs et décorations de Noël envahissent les étals. Pourtant, derrière ce décor festif, de nombreux parents font face à une conjoncture économique éprouvante.´

Devant un comptoir de chaussures, Huguette, mère de trois enfants, tente d’anticiper ses achats afin d’éviter la cohue de dernière minute. « Les fêtes de fin d’année sont attendues par tout le monde. Si Dieu nous permet de les célébrer avec nos enfants, il faut leur faire plaisir», confie-t-elle. Mais pour cette mère de famille, le calcul est complexe : « Je cherche des chaussures, mais les prix ne sont vraiment pas abordables cette année ».

Le constat est identique dans les rayons de prêt-à-porter. La hausse généralisée des prix freine les ardeurs. « Je suis venue pour acheter des habits aux enfants, mais tout est trop cher. Je vais attendre le 23 décembre, en espérant que les prix baissent un peu d’ici là », explique une cliente, visiblement désemparée par les tarifs.

Pour d’autres , l’heure est à la résignation et au strict minimum. « Au fur et à mesure que les jours passent, les prix grimpent. Nous avons décidé de nous limiter à l’essentiel : une chemise, un pantalon et une paire de chaussures, rien de plus », confie Noudjimadji, rencontrée au marché à mil.

Un peu plus loin, une autre mère de famille renchérit : « Avec 50 000 FCFA au marché, on ressort avec un sac presque vide. On vit au jour le jour, c’est devenu très difficile».

Si Noël reste la priorité pour les enfants, certains chefs de famille choisissent de concentrer leurs efforts sur le passage à la nouvelle année. C’est le cas de Jacques, agent de santé : « Noël, c’est avant tout pour les enfants. De mon côté, je mise surtout sur le Nouvel An. C’est là que je fais des efforts pour bien commencer l’année 2026 ».

Du côté des vendeurs, l’optimisme est teinté d’inquiétude. Pour l’heure, la grande affluence n’est pas encore au rendez-vous. « C’est décevant. Nous sommes en plein décembre, mais l’activité ne reflète pas l’ambiance habituelle de cette période », regrette un vendeur de prêt-à-porter du marché Central . « On espère que d’ici la fin de la semaine, la tendance s’inversera», ajoute-t-il.

Même son de cloche chez un vendeur de jouets du marché de Dembé, confronté à des négociations serrées : « L’activité est en baisse. Les parents discutent énormément les prix. Quand vous proposez un jouet à 4 000 Fcfa, on vous en offre 1500 Fcfa. Les gens n’ont pas d’argent», lâche -t-il.

Malgré ce climat économique morose, les N’Djamenois tentent, tant bien que mal, de préserver l’esprit de fête, espérant que la solidarité  et la joie sauront l’emporter sur les difficultés financières.

Kedaï Edith