Après la découverte de son corps calciné à Abéché, dans la province du Ouaddaï, l’ancien directeur de cabinet du gouverneur de l’Ennedi-Est, Fulbert Mouanodji, a été exhumé puis transféré à N’Djamena ce vendredi 26 septembre 2025 pour y être inhumé.
Devant la maison familiale située à Amtoukoui, le deuil s’exprime dans un silence pesant, entre larmes, prières et interrogations sur les circonstances de sa mort. Sous un hangar dressé devant la concession familiale, les visages sont fermés, les yeux rougis par les larmes. Les proches accueillent en désarroi le retour du défunt, assis sur des nattes et des chaises en plastique, écrasés par une douleur qui ne s’exprime pas en cris, mais dans une retenue lourde et presque suffocante.
Autour d’eux, un groupe de femmes âgées entonne des chants funéraires, leurs voix faibles mais persistantes emplissant l’espace d’une tristesse collective. Chaque note semble porter non seulement la mémoire de Fulbert, mais aussi l’ombre d’un mystère qui pèse toujours sur sa mort. « C’est un moment de recueillement, mais aussi de questionnement. Fulbert méritait une enquête transparente. Nous nous demandons encore : qu’a-t-il bien pu faire pour mériter ça ? », confie Bealoum Ambroise, l’oncle du défunt, le regard perdu au sol.
Le corps de Fulbert, exhumé à Abéché, a été transféré à N’Djamena pour une nouvelle inhumation. Pour la famille, ce transfert représente une étape symbolique et un acte de dignité. « Nous espérons que la lumière soit faite sur la mort de notre frère. Nous remettons tout entre les mains de Dieu », déclare le député Bemadjiel Mamadou, membre de la famille.
Après la veillée et les prières, le cortège funéraire s’est dirigé vers le cimetière de Toukra, où Fulbert Mouanodji a été inhumé dans l’après-midi.
Le 2 août dernier, le corps carbonisé de Fulbert Mouanodji, avait été retrouvé dans une rue d’Abéché et enterré rapidement sur décision des autorités locales, qui ont évoqué un suicide. Cependant, la famille refuse de croire à cette version, convaincue que la vérité reste à dévoiler.
À Amtoukoui, ce vendredi, la douleur des proches se mêlait à une conviction profonde : « celle qu’un homme ne peut disparaître ainsi sans que justice ne lui soit rendue ».
Lobey Bab Sidick