Le ministre d’État, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Formation professionnelle, Dr Tom Erdimi, représentant le Chef de l’État, a ouvert le 25 septembre 2025 le Colloque International du Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication (RIARC), couplé à la 30ème anniversaire de la Haute Autorité des Médias Audiovisuels.
« Un autre événement majeur pour nous est la commémoration du 30e anniversaire de la HAMA, née sur les cendres du HCC, qui s’inscrit dans ce colloque international », a indiqué la présidente de la Haute Autorité des Médias Audiovisuels et vice-présidente de RIARC, Halimé Assadaya Ali. Selon elle, les 30 ans de parcours de l’autorité de régulation ont commencé en 1994 avec la création du Haut Conseil de la Communication (HCC), première institution créée après la Conférence nationale souveraine, pour aboutir à l’avènement de la HAMA en 2018. « 30 années, c’est à la fois beaucoup et peu pour une institution chargée de réguler un secteur aussi dynamique que celui des médias et de la communication. Ces 30 années ont permis d’ouvrir et de développer le paysage médiatique tchadien, de jeter les bases de la régulation, de contribuer à l’enracinement de la liberté de presse et de promouvoir la culture démocratique au Tchad », souligne-t-elle.
La présidente de la Hama ajoute qu’au cours de ses 30 années d’existence, l’institution a connu de nombreuses mutations et se trouve aujourd’hui à un tournant qui exige d’aller plus loin dans la régulation des médias. « Si nous nous réjouissons du foisonnement du secteur médiatique, celui-ci présente un triple défi : la formation et la professionnalisation des acteurs, l’encadrement juridique et la viabilité économique des organes de presse », indique-t-elle. Pour Halimé Assadaya Ali, le monde est devenu un village planétaire et les instances de régulation sur l’échiquier continental doivent relever aujourd’hui un autre défi majeur : la lutte contre la diffusion et la propagation des discours de haine, amplifiée par les médias numériques, notamment les réseaux sociaux, et singulièrement exacerbée par l’intelligence artificielle. « Ces discours de haine qui prennent des proportions inquiétantes sapent aujourd’hui les fondements de nos sociétés, remettent en cause la paix, la cohabitation, le vivre-ensemble et l’unité dans nos pays. Ils ont un impact négatif sur la quête de sécurité, de stabilité, de développement et de progrès de nos sociétés. C’est pourquoi le RIARC et la HAMA organisent ces assises de N’Djamena, qui constituent pour nous, régulateurs africains, une occasion opportune de dialoguer, de partager nos expériences et d’identifier ensemble des stratégies concrètes pour lutter plus efficacement contre les discours de haine dans nos pays », a souligné le président en exercice du RIARC, René Bourgon.
Outre les régulateurs, poursuit-il, ces échanges sont ouverts aux universitaires, à tous les acteurs des médias et aux leaders d’opinion, et devraient se poursuivre avec les plateformes numériques, dont la contribution est essentielle pour limiter la propagation des discours haineux sur le web. « Nous vivons aujourd’hui dans un monde interconnecté où la parole circule à une vitesse fulgurante et où les médias traditionnels comme les nouveaux médias amplifient les messages. Cette réalité constitue certes une opportunité formidable pour la démocratie, l’éducation et le développement, mais elle expose aussi nos sociétés à des dérives inquiétantes, telles que la montée en puissance des discours de haine, des incitations à la violence et des propos discriminatoires de tous genres », a-t-il ajouté
Pour le président en exercice du RIARC, les auteurs de discours de haine et de fausses informations qui se cachent derrière les plateformes numériques doivent comprendre qu’il n’y a plus de zone de non-droit pour leurs agissements. « Face à ces défis, notre responsabilité en tant qu’instance de régulation est double : protéger la liberté d’expression, qui est un droit fondamental et une condition de vitalité démocratique, mais aussi prévenir et sanctionner les abus de cette liberté lorsqu’ils se transforment en instruments de division et de violence. Le présent colloque international de N’Djamena s’inscrit dans cette dynamique », a-t-il précisé .
Ouvrant ces assises, le ministre d’État, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation professionnelle, Dr Tom Erdimi, a salué le chemin parcouru par la Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel qui célèbre son 30e anniversaire. « Son rôle dans la régulation, la promotion du pluralisme et de la liberté d’expression responsable est essentiel pour la consolidation de la démocratie et de la paix dans notre pays », a-t-il indiqué. Pour lui, cet anniversaire doit inspirer à renforcer les engagements et à bâtir ensemble une Afrique où la parole libérée soit synonyme de paix et de cohésion, et non de haine. « L’avenir de notre société dépend de notre capacité à conjuguer responsabilité, vigilance et solidarité. Bannissons les discours de haine et faisons de la communication un instrument de construction, et non de destruction », a-t-il lancé. Il a formulé le vœu que les conclusions et recommandations de ce colloque constituent une étape importante dans la lutte contre les discours de haine qui menacent la paix et la cohésion sociale, et apportent des réponses concrètes et durables aux défis auxquels les sociétés sont confrontées.
Ce colloque international se tient sous le thème : « Les mécanismes de lutte contre les discours de haine : état des lieux et perspectives ». »
Lobey Bab Sidick