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Revue de presse de la semaine du 04 au 10 novembre 2019

Revue de presse de la semaine du 04 au 10 novembre 2019 1

A la Une des journaux, l’assassinat de Bonheur Matebeye Manayel par la protection du président de l’Assemblée nationale, le 8ème congrès extraordinaire du Mouvement patriotique du salut (Mps) ainsi qu’un appelle à un changement de régime. A cela, s’ajoutent le placement en garde à vue de l’ex maire de N’Djaména et consorts et la rentrée littéraire de l’Association des écrivains et éditeurs du Tchad (Aseat).

« Le malheur de bonheur était d’avoir croisé le chemin de Kabadi », titre à sa Une La Voix qui rappelle que le 4 novembre dernier, Matebeye Manayel, un diplômé sans emploi, converti en mototaxi, est froidement abattu par la garde du président de l’Assemblée.  « C’est la deuxième bavure en un an », relève l’hebdomadaire qui précise que le président de l’Assemblée enverrait des émissaires pour tenter d’entrer en contact avec la famille du défunt sans succès. Dans une caricature montrant le président de l’Assemblée dans une limousine, fui par tous lors de son passage, animaux y compris, Le Pays nomme le président de l’Assemblée nationale, « Kabadi, le babadi de ses électeurs », référence à un élu qui chicotte ses électeurs. « A cause de Jacques Haroun Kabadi Ndia Bonheur trouva le malheur », précise Le Visionnaire qui indique que pendant que la famille de la victime Matebeye Manayel Bonheur est encore sous le choc de ce drame, le président de l’Assemblée nationale Dr Haroun Kabadi Jacques Ndia chercherait à étouffer l’affaire auprès du chef de race de la communauté Gor où est issu le jeune. « C’est pour éviter une récupération politique », rapporte nos confrères qui ajoutent qu’un groupe de jeunes prévient que si les anciens cèdent, eux vont réserver une surprise désagréable au Pan le jour des obsèques. « L’escorte du président de l’Assemblée n’est pas à son premier forfait. Le 24 juillet 2018, alors que le président de l’Assemblée rentrait du bureau, un automobiliste aurait tenté  de s’interposer entre les véhicules de son cortège à l’intersection des avenues Kondol et Mobutu. Les éléments armés, chargés de sa protection ont ouvert sans sommation le feu  sur ledit véhicule. Les balles vont plutôt atteindre un motocycliste », rappelle-t-il. Pour le trimensuel Abba Garde, il s’agit d’un « crime rituel ». « Rien au monde ne justifie les cas consécutifs de tirs à bout portant lâchés par les éléments de la protection du président de l’Assemblée nationale sur les jeunes qui ne luttent que pour leur survie. La nature velléitaire de ce grabataire, d’une insensibilité légendaire, force à admettre les thèses occultes et diaboliques que développent certains penseurs et observateurs éclairés », note Abba Garde. Le trimensuel se demande : « Avant Kabadi, le Tchad a connu deux présidents de l’Assemblée sous le règne de Déby et plusieurs Premiers ministres qui circulaient avec un cortège. Pourquoi n’a-t-on pas enregistré des cas pareils » ?

Vers un autre régime au Tchad ?

« L’après Déby ? », s’interroge Le Pays  qui souligne que pendant que les yeux étaient tournés vers le palais du 15 janvier qui abrite le congrès extraordinaire du parti au pouvoir, un analyste s’est essayé à un exercice de prospective sur l’après Déby à travers le parcours de deux personnalités suivis par les chancelleries. « Il s’agit de Moussa Faki, diplomate chevronné, actuel président de la commission de l’Union Africaine et Succès Masra, le jeune trublion de la classe politique qui revendique le droit d’être candidat en 2021. Au-delà des personnes, le texte invite à une réflexion profonde, celui du Tchad de demain si jamais Idriss Déby Itno, mortel parmi d’autres venait à disparaitre », s’interroge-t-il? « Le départ de Déby à l’ordre du jour », renchérit Le Visionnaire qui précise que les leaders de la société civile et ceux de l’opposition sont montés au créneau pour dénoncer le pouvoir de Déby et exiger son départ. « Si le président Déby reste ce mal que le peuple tchadien s’impatiente d’éradiquer, le plus grand mal fait au peuple, reste ces leaders corrompus, qui ne se préoccupent que de leurs intérêts, surfant sur sa misère », fulmine l’hebdomadaire qui précise que délivrer le Tchad de cette prise d’otage des prédateurs de tout acabit est possible. « Seulement, à la condition que le peuple ait les leaders capables de ne pas trahir sa confiance », martèle-t-il.

Le 8ème congrès extraordinaire du Mps

« Le Mps lance sa campagne électorale », note N’Djaména-Hebdo qui relève que le 8ème congrès du parti au pouvoir tenu du 02 au 03 novembre dernier met désormais les troupes en ordre de bataille et ouvre le bal des propagandes électoralistes.  « L’épisode marquant du 8ème congrès du Mps, c’est la désignation par le président-fondateur d’un nouveau secrétaire général du parti. Durant les 2 jours de travaux, aucun indice ne présageait ni du départ ni du maintien de ce montagnard du Guéra qui tient la manette depuis la veille des élections présidentielles de 2016 », précise l’hebdomadaire qui constate que l’attente a été longue avant que le président-fondateur du Mps ne souhaite un bon retour aux congressistes à la grande déception des détracteurs du Sg du parti reconduit. « Le Sg reconduit tient à narguer ses détracteurs tapis dans la salle, qui manifestent publiquement leur mécontentement au point de vouloir boycotter sa prise de parole. Mais lui, sait les narguer encore davantage demandant à l’assistance de se lever pour montrer au ’’Grand camarade’’ sa détermination à gagner les élections », ajoute-t-il. « 8ème congrès du Mps : du culte de la personnalité à l’appel à l’amour du prochain », constate Le Pays qui précise que ce congrès est ouvert par des discours élogieux à l’endroit du couple présidentiel. «Camarade président-fondateur, nous sommes prêt pour vous donner une victoire éclatante comme ce fut le cas hier, aujourd’hui, demain et pour toujours. C’est grâce à l’effort de la Première dame, Hinda Déby Itno que cette victoire reste continuelle. C’est une dame au cœur d’or dont les efforts vous accompagnent chaque jour pour le développement de ce pays», rapporte-t-il. Le Sg du parti encense lui aussi le couple présidentiel. «Vous avez montré que face à l’adversité et au marasme économique, il était possible de travailler pour la grandeur de tout un pays. Vous avez montré le chemin et vous-êtes  l’artisan de la paix, de la liberté et de la démocratie au Tchad. Cette vitalité qui vous est innée est sous-tendue par une dame de cœur qui, la main sur le cœur redonne le sourire et l’espoir et une meilleure vie aux désespérés». « 8ème congrès extraordinaire du Mps : en ordre de marche, chers camarades », s’exclame La Voix qui précise que ces assises tenues du 2 au 3 novembre 2019 sont placées sous le signe de la mobilisation des militants pour des victoires aux futures échéances législatives et communales. « Comme tout organisation qui se respecte, le Mps a décidé de marquer un temps d’arrêt afin de jeter un regard rétrospectif sur son action passée et se projeter vers l’avenir. Le chemin parcouru depuis le dernier congrès de février 2016 à celui d’aujourd’hui n’a été que positif. Malgré les écueils dus au climat économique morose, le président de la République a tenu en grande partie ses promesses faites lors des présidentielles d’avril 2016 », rapporte le Sg du parti au pourvoir. L’hebdomadaire qui ironise, « c’est tout pour le petit bilan ». D’après nos confrères de La Voix, Zène Bada s’est projeté tout de suite sur les échéances électorales à venir. « Les mobiles ayant conduit à la tenue du présent congrès sont suffisamment clairs. Il s’agit de confirmer la position du Mps en tant que levier pour gagner toutes les batailles électorales », note-t-il. « Idriss Déby appelle à l’unité des militants du Mps », relève Le Progrès qui précise que le discours du président-fondateur du Mps est basé sur des conseils et des consignes pour les législatives et locales à venir. « Je vais vous donner un conseil, si vous n’abandonnez pas cette manière de faire, vous allez perdre les élections. Et si le Mps perd les élections, les conséquences sur le pays seront très graves. Alors, allons en rangs serrés pour chacune de nos régions », rapporte le quotidien. D’après Le Progrès, le président-fondateur du Mps tient à ce que les futures élections soient davantage libres, transparentes et démocratiques.

La garde à vue Mariam Djimet Ibetet consorts

« Le couple Djimet et Mariam Ibet en garde à vue », lance Le Pays qui informe que ces anciens maires de N’Djaména ont de nouveau des démêlés avec la justice. « Convoqués à la police judicaire avec un de leurs collaborateurs lundi, leur audition s’est poursuivie mardi », relève-t-il. « Mariam et consorts aux arrêts, Ali Haroun sur la sellette », renchérit Abba Garde qui précise que l’ex maire, son 1er adjoint Abdéramane Nourène et le directeur administratif et financier Abakar Adoum Ali ont été placés en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire pour détournement de deniers publics, faux et usage de faux et complicité. « L’arrestation de Mariam fait suite à un crime de lèse-majesté vis-à-vis des envoyés spéciales de la ’’grande loge’’ de la fondation ’’Grand-Cœur’’ de la première Dame. Depuis son éjection de la mairie de N’Djaména, elle ne donne aucun centime pour le fonctionnement de cette nébuleuse politico-affairiste », complète nos confrères de Abba Garde qui ajoutent que l’ex secrétaire municipal de la mairie, lui aussi mis en cause a pris les jambes au coup. D’Après un rapport publié en fac-similé, les conseillers municipaux sont dans la sauce.

La première rentrée littéraire de l’Aseat

« Les éditeurs doivent rechercher la qualité des œuvres », lance N’Djaména-Hebdo qui rappelle que l’Association des écrivains et éditeurs (Aseat) a fait sa rentrée littéraire pour la première fois le 31 octobre dernier sous le thème ‘’’la plume dans le rétroviseur’’. « Jeter un œil sur le chemin parcouru jusque-là pour prendre un élan », ajoute la présidente de l’Aseat Me Clarisse Nomaye pour qui, cette rentrée est un moment pour les écrivains de donner un avant-goût au public des œuvres qui seront publiées durant les douze prochains mois. « Quant aux éditeurs, c’est un lieu de compétition qui a pour corolaire la recherche de la qualité des œuvres à éditer en vue de susciter l’intérêt du public », rapporte-t-il. « L’édition, le maillon faible de la littérature tchadienne », note Le Pays qui relève que les maisons d’éditions du Tchad, un des maillons essentiels pour le rayonnement de la littérature tchadienne, sont sous le feu des critiques en ce mois de novembre marqué par la rentrée littéraire, le mois du livre et plus tard le festival de littérature ’’Le souffle de le Harmattan’’. « Leur travail, présenté comme ’’teinté d’amateurisme’’, elles sont appelées par des écrivains et critiques littéraires à plus de rigueur et de professionnalisme pour tirer la littérature tchadienne vers le haut », ajoute-t-il. D’après votre hebdomadaire, c’est la publication du jeune écrivain et critique littéraire, Don Baranang Ebert sur les réseaux sociaux au sujet des éditions Toumaï qui a eu le mérite de susciter le débat autour du rôle des maisons d’édition locales pour l’essor de la littérature tchadienne. « Cette critique qui a alimenté des débats passionnés sur les réseaux sociaux n’a pas échappé à l’Association des écrivains et auteurs du Tchad (Aseat) qui a appelé par la voix de sa présidente, Me Clarisse Nomaye, les éditeurs tchadiens à faire preuve de professionnalisme en rejetant les manuscrits et tapuscrits soumis à eux par des auteurs, qui ne répondraient pas aux exigences en termes qualitatifs », note-t-il. Pour dynamiser le monde de l’édition et partant la littérature tchadienne, LE Pays rapporte que l’Etat doit soutenir le secteur du livre. «Tant que l’Etat n’arrive pas à soutenir les initiatives, notamment dans le secteur du livre, les éditeurs vont faire du surplace. L’Etat a sa part de responsabilité, mais c’est trop facile de ne voir que lui», ajoute-t-il.

Stanyslas Asnan