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Enlèvement contre rançon dans le Mayo-Kebbi Est: une famille froidement assassinée

Enlèvement contre rançon dans le Mayo-Kebbi Est: une famille froidement assassinée 1

Trois membres d’une même famille ont été froidement assassinés le 25 août dernier à Gamba, dans la province de Mayo-Kebbi Est. Au cours d’un point de presse ce mardi 1er octobre 2019 à la Maison des médiats du Tchad, l’avocat de la famille, Me Frédéric Nanadjigué parle du terrorisme et pointe du doigt la responsabilité de l’Etat, garant de la sécurité des personnes et des biens.

Les faits remontent d’après le conseil de la famille Me Frédéric Nanadjigué au 25 août dernier vers 1 heure du matin à Gamba, sous-préfecture de Tikem, dans la province du Mayo-Kebbi Est. « Des inconnus ont fait irruptions comme à l’accoutumée dans ce village et ont pris d’assaut la maison du défunt Nokréo Ngolomna. En raison de l’âge avancé du couple, ce qui ne facilite aucunement un enlèvement contre rançon, les ravisseurs ont exécuté froidement Nokréo Ngolomna, son épouse Maitchoué et leur fils Domsala Nokreo », dénonce l’avocat qui rappelle que cette province qui a une population estimée á plus de 27 000 habitants, composée de Toupouri, Moundang, Kera, Moussey et Foulbé est le théâtre de ce phénomène éhonté depuis bientôt six ans. « Ces faits sont le vécu quotidien des populations de la localité, les mettant dans une situation de peur perpétuelle, exploitée par les ravisseurs, procédant systématiquement aux enlèvements contre rançon à coups de millions, aux préjudices populations paysannes », regrette-t-il.
Ce phénomène, fulmine l’avocat n’est rien d’autre qu’un acte de terrorisme : « au regard  de la Loi 034/PR/2015, portant répression des actes de terrorisme au Tchad, il est défini comme ’’tout acte ou menace d’acte de violence ou susceptible de mettre en danger la vie, l’intégrité physique, les libertés d’une personne ou d’un groupe de personnes, qui occasionne ou peut occasionner des dommages aux biens privés ou publics, aux ressources naturelles, à l’environnement ou au patrimoine culturel et commis dans l’intention, d ‘intimider, provoquer une situation de terreur, forcer, exercer des pressions ou amener tout Gouvernement, Organisme, Institution, population ou groupe celle-ci, d’engager toute initiative ou de s’en abstenir, d’adopter, de renoncer à une position particulière ou d’agir selon certains principes’’ mai aussi ’’de perturber le fonctionnement normal des services publics, la prestation de services essentiels aux populations ou de créer une situation de crise au sein des populations… ».
Le conseil de la famille Me Frédéric Nanadjigué qui annonce d’ores et déjà le dépôt d’une plainte pour terrorisme et assassinat sur les personnes de Nokréo Ngolomna, son épouse Maitchoué et leur fils Domsala Nokreo auprès du parquet d’instance de Bongor, précise qu’à ce jour, la psychose s’est définitivement emparée de la population qui est appauvrie par le paiement des rançons. « Eu égard à ces faits constitutifs de terrorisme, les autorités politiques et administratives sont interpellées, pour une solution prompte. S’il est vrai que le Tchad est à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme, aux confins du Lac Tchad, il est étrange que des individus se livrent à cela, motivés par l’appât du gain, dans le Tchad profond censé être un havre de paix », note Me Frédéric Nanadjigué.

Stanyslas Asnan