Societé

Les musulmans N’Djaménois se bousculent pour la Tabaski

Les musulmans N’Djaménois se bousculent pour la Tabaski 1

Au Tchad, on célèbre dans deux jours la fête de la Tabaski, plus communément appelée l’Aïd el-Kébir. Cette fête religieuse mobilise tous les ménages musulmans tchadiens. A la veille de la Tabaski, les marchés bouillonnent.  Acheteurs, vendeurs de moutons et de tissus se bousculent dans les marchés de la capitale.
A N’Djaména comme dans toutes les villes du Tchad, la vie est rythmée depuis plusieurs jours par les préparatifs de la Tabaski. L’achat du mouton continue d’être un casse-tête pour les ménages et les habits coûtent de plus en plus chers sur les marchés. L’ambiance bat son plein au marché de mouton, en plein cœur de la capitale.
Au marché de mouton sur l’avenue Taïwan, à quelque encablure de la boulangerie rotative au quartier Amtoukoui, on remarque une forte présence des gens qui sont venus pour acheter le mouton, animal à sacrifier pour la Tabaski. Les prix varient d’un vendeur à un autre et selon le poids et la taille de l’animal. Généralement, le prix n’est pas aussi très élevé qu’il y a deux mois pendant la fête de ramadan. Pendant que certains attrapent les moutons au niveau de la hanche avant de discuter son prix, d’autres demandent sans poser de question et procèdent à l’achat de l’animal. « Le prix d’un mouton varie entre 27 500 et 35 000 francs Cfa. Je trouve que ce n’est pas trop cher par rapport au prix pendant la fête de ramadan qui va jusqu’à 45 000 francs Cfa», confie Abdoulaye Mahamat qui est venu acheter deux moutons pour la fête. Si Abdoulaye Mahamat, lui, trouve ce prix à sa bourse, d’autres estiment qu’avec la situation économique actuelle du pays, le gouvernement devrait prendre des mesures d’accompagnement afin que même les ménages les plus vulnérables puissent se procurer de l’animal afin d’honorer leur sacrifice. « En temps normal, le gouvernement doit peut-être fixer des prix permettant à tous les ménages de se procurer du mouton », souhaite Moussa Hissein, chauffeur de taxi.

La vente des tissus a diminué

L’Aïd al-Adha ou l’Aïd el-Kebir, fête la plus importante de l’islam, est appelée Tabaski dans les pays d’Afrique qui ont une importante communauté musulmane. Au marché central de N’Djaména, certains commerçants expliquent qu’avec la saison des pluies, les affaires sont de plus en plus ralenties. « Cette année, les ventes ne marchent pas tellement car les pluies fréquentes nous obligent à couvrir nos produits en permanence, ce qui restreint leur visibilité », explique Djibrine, un jeune marchand de tissus à la sortie ouest du marché central. Comme lui, les marchands ne sont pas vernis à cause de l’hivernage.

Les tailleurs, eux, se frottent les mains. Au milieu des crépitements de ses machines, Diop, couturier sénégalais sur l’avenue Goukouni Weedey au quartier Ambasatna, dans le 3ème arrondissement confie ses bonnes affaires. « En ce moment, on ne se plaint pas trop car les affaires marchent bien. D’habitude, les coupures d’électricité nous handicapaient, mais il n’y a presque plus de délestages depuis une semaine dans notre secteur. Nos clients nous posent des soucis avec leurs nombreuses réclamations et leur pression constante, mais nous essayons toujours d’être compréhensifs car à la fin on y trouve notre compte. Malgré la conjoncture, les tissus et les boubous coûtent au minimum entre 15 000 et 20 000 francs Cfa», confie-t-il.

A quelques 5 Km de l’atelier de Diop, notamment au Habenna, Michaël se pavane au milieu de ses dizaines de moutons. Il souhaite les vendre à bon prix mais il est aussi inquiet pour certains chefs de famille. « C’est le moment de se faire de l’argent mais c’est une fête religieuse et en bon croyant, on ne peut faire de l’affaire sur les autres pendant cette période », explique-t-il. Mais pour Adamou, il est tout à fait normal de faire toutes ces dépenses pour une fête aussi prestigieuse que la Tabaski. « Au Tchad, nous sommes des musulmans qui tenons beaucoup à cette fête, c’est pourquoi nous y mettons tout ce que nous avons, toutes nos économies y vont. Nous achetons des chaussures pour les enfants, des boubous et tout ce qui peut rendre cette fête belle. Nos chefs de famille achètent de beaux béliers pour que le Jour-J, la fête soit totale avec un grand festin. C’est vraiment une grosse dépense », témoigne-t-il.

Au Tchad, les traits culturels déteignent sur la pratique religieuse au point que la Tabaski y est fêtée avec un faste qui n’a pas son pareil. Même le mouton, élément le plus symbolique de cette fête, est devenu un véritable casse-tête pour certains chefs de famille de nantis qui sont obligés d’en trouver le plus cher possible pour le simple paraître social.

Sabre Na-ideyam