Culture

« Qu’on ne nous regarde pas à travers le cannabis»

Naftaly Soldat de Jah, est un artiste ivoirien invité dans le cadre du festival de musique raggae, Afro’On. Il explique dans cette interview, le combat de Bob Marley, 38 ans après son décès, le 11 mai 1981, que les rastas ne cessent de suivre.

Que peut-on garder de Bob Marley 38 ans après sa disparition ?

Ce que nous pouvons garder de Bob Marley en tant que reggaemen, c’est qu’il a pu réaliser en trois ans de carrière internationale ce que nous, autres rasta, reggaemen ne pouvons réaliser en dix ans ou durant toute notre carrière. Nous gardons son énergie, son combat et ce charisme qui peut amener le monde entier à se retourner vers la Jamaïque pour regarder un type qui a dit des choses qui dépassent l’entendement. Malheureusement en Afrique francophone, nous n’avons gardés que les mélodies alors que chez les anglophones, ils ont gardé le message. Il est celui qui a compris autre chose au-delà de ce que le commun du mortel a compris. C’est pour cela que nous les rastas l’appelons prophète.
Pour de nombreuses personnes, le 11 mai est une fête où l’herbe, (le ganja) est fumée pendant les rencontres des rastas.

Est-ce que ce sera le cas ici à Afro’On ?

Il faut que nous fassions attention à ce que nous disons. L’herbe ou la ganja n’est pas plus une drogue que la cigarette que nous fumons. La cigarette fait au moins 6 millions de mort par an. Le cannabis par contre a des vertus. On soigne des gens avec. Ce n’est pas une drogue par rapport au whisky qui est une drogue très forte et puissante. La cigarette est une drogue nocive, corrosive. Ce sont des blancs qui nous amènent cela et font de notre vie un business pour gagner leur vie. Ils ont l’esprit de vouloir avoir de l’argent sur nous. Le cannabis n’est pas une drogue. C’est une plante et Dieu ne crée pas de n’importe quoi donc il ne crée pas de la drogue.
Depuis que je suis arrivé il y a bientôt une semaine, je n’ai pas fumé un bout de joint. Une drogue installe l’effet de dépendance. Y a des gens qui sont accros à l’alcool, à la cigarette. Moi je n’ai pas l’effet de dépendance. Donc le cannabis n’est pas une drogue mais une substance qu’on a classée illicite. Avant 1930, cette substance était conseillée par les Etats. Afro’On est un festival qui ne fait pas l’apologie du cannabis comme les autres festivals de reggae. Ce festival c’est pour informer les gens sur le reggae. Le reggae est une musique de paix, de combat, d’amour. C’est une musique pour éveiller les consciences. Nous sommes la voix des sans voix. Alors qu’on ne nous regarde pas à travers le cannabis. Toutefois, ce que je déplore chez Afro’On, ce sont des conférences programmées pour parler de certaines choses mais qui n’ont pas eu lieu. Un festival n’est pas que la danse. Mais toute œuvre humaine n’est pas parfaite.

Lire Afro’On s’inspire-t-il de la vie de Bob Marley 38 ans après son décès ?http://www.lepaystchad.com/7544/ 

Bob Marley n’est pas mort, il faut qu’on se le dise. Il est juste allé se reposer. Ce qui est positif engendre, alors que ce qui est négatif meurt. On peut dire que Michaël Jackson est mort parce que rien de lui n’est vivant comme chez Bob Marley. 38 ans après, Bob Marley est là toujours vivant à travers Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly, Achille Bladal, Naftaly, Placide Ayreh, Immortal Golgotha véhiculent les messages de paix, d’amour, de lutte contre l’injustice…
Je crois que c’est le début du festival et à deux ans, un enfant ne peut pas se lever et courir plus vite. C’est à encourager et c’est déjà bon d’avoir pris l’initiative. Il ne reste qu’aux organisateurs de se former pour que le festival devienne plus professionnel.

Quel est votre message à l’endroit de la jeunesse tchadienne en ce moment où le soleil est si ardent et la situation économique n’est pas reluisante ?

Que les jeunes ne se laissent pas décourager par la situation économique de leur pays amis qu’ils entreprennent. La situation économique dans le monde entier se ressemble. Il faut juste un peu de courage et d’abnégation pour vaincre. Sinon j’ai remarqué depuis mon arrivée ici que les gens se plaignent du soleil mais personne n’utilise l’énergie solaire. C’est quoi cette intelligence de mouton des humains. Le soleil est là depuis 4 milliards 800 millions d’années donc c’est nous qui devrons nous adapter à lui mais pas lui à nous. C’est incroyable que ce pays dispose d’énormes énergies solaires mais les gens paient très cher l’électricité. Que les jeunes tchadiens ne se plaignent pas mais qu’ils créent, qu’ils transforment les choses. Cela doit galvaniser les gens. En pleurant, on ne réfléchit pas mais en pensant, ont créé. Si la vieille génération s’est assise sur le pétrole, que les jeunes tchadiens, d’ailleurs très intelligents, créent pour ne pas finir un jour esclave en Libye.

Sabre Na-ideyam