La société d’électricité camerounaise Eneo est confrontée à une situation financière critique, avec une dette totale de 800 milliards de FCFA fin 2024, alors que ses créances ne s’élèvent qu’à 80 milliards de FCFA, selon les données du Compact énergétique soutenu par la Banque mondiale. Les dettes fournisseurs, qui dépassent les 500 milliards de FCFA, pèsent lourdement sur la trésorerie de l’entreprise.
Ce déséquilibre structurel est le résultat de plusieurs facteurs, notamment un sous-investissement chronique dans le réseau de distribution, la vétusté des équipements et un recouvrement insuffisant des factures, en particulier celles des entités publiques.
La situation est aggravée par la fraude, les retards de paiement et le gel des tarifs pour les clients basse et moyenne tensions depuis 2012, ce qui a imposé d’importantes compensations à la charge de l’État.
Bien qu’Eneo ait retrouvé les bénéfices en 2022 et 2023, sa trésorerie reste fragile.
Pour remédier à cette situation, le gouvernement camerounais a intégré un plan de redressement ambitieux à l’horizon 2026 dans le Compact énergétique. Ce plan prévoit plusieurs étapes clés :
– Le rachat par l’État des parts d’Actis en 2025 ;
– L’élaboration d’un diagnostic et d’un plan de restructuration d’ici février 2026 pour assainir la structure financière de la société ;
– La création en 2026 d’un fonds de stabilisation pour sécuriser les flux financiers en cas de défaut de paiement des clients publics ;
– La mise en place d’un mécanisme de recouvrement renforcé des factures publiques la même année.
Parallèlement, la régulation a déjà amorcé une hausse progressive des tarifs pour les clients moyenne tension (3 à 10 MW), avec un ajustement annuel de 10 % jusqu’en 2026. Cette mesure vise à aligner les prix sur le coût réel du service et a déjà généré une hausse du chiffre d’affaires de 18 milliards de FCFA entre 2023 et 2024.
À long terme, le plan ambitionne également de renforcer les investissements pour moderniser le réseau et réduire les pertes techniques et commerciales, avec un objectif de rendement de 90 % d’ici 2030. Enfin, l’État camerounais prévoit d’élargir sa clientèle et de réexaminer sa politique tarifaire pour assurer la rentabilité des investissements, y compris dans les zones isolées.


