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Délivrance du certificat de nationalité à N’Djamena : l’épreuve des citoyens

Délivrance du certificat de nationalité à N'Djamena : l'épreuve des citoyens 1

Obtenir un certificat de nationalité au gouvernorat de N’Djamena est un véritable parcours du combattant. Files d’attente interminables, lenteur administrative et  multiples tracasseries plongent les citoyens dans une attente éprouvante, souvent synonyme de perte de temps et d’argent.

Il est à peine  6 heures du matin ce jeudi 02 octobre 2025, que les premiers demandeurs s’installent déjà devant le portail du gouvernorat de N’Djamena. Certains ont quitté leur domicile avant l’aube, espérant être reçus parmi les premiers. Mais une fois à l’intérieur, ils découvrent que la délivrance du certificat de nationalité, le  précieux sésame , n’est pas une affaire de quelques heures . Entre la réception du dossier et la signature de ce document , le processus se transforme en une épreuve d’endurance. « On nous demande de revenir demain, que  ce n’est pas encore signé chaque fois. Cela fait trois semaines que je viens sans succès », se plaint  Mahamat, dont la date du concours auquel il voulait postuler approche à grands pas.

Devant les bureaux de cette institution, deux files d’attente se font face. « Nous n’avons pas les moyens, c’est pourquoi nous sommes dans la file des 1 500 F. De l’autre côté, ce sont ceux qui veulent obtenir leur document en quelques heures et qui paient 2 500 F ou plus », explique Dilla.

Dans la file dite de 2 500 F ou plus, le mécontentement se manifeste. « Vous avez dit que 2 500 F, c’est juste pour quelques heures. Mais ça fait déjà deux jours que je fais des allers-retours », lance un usager au milieu de la file. « Ils ne sont pas sérieux ici. Ils prennent l’argent, plus que le montant fixé, et ils ne tiennent pas leurs promesses. Ils prennent notre numéro de téléphone et promettent de nous appeler, mais rien », renchérit un autre derrière lui.

Dans les couloirs du gouvernorat, des jeunes, des femmes avec des enfants , etc. attendent patiemment sous une chaleur étouffante, parfois sans même obtenir une réponse claire. Certains n’hésitent pas à murmurer qu’il faut « accélérer » le dossier moyennant un billet glissé discrètement.

Pour de nombreux demandeurs, le certificat de nationalité est bien plus qu’un simple document : « Il conditionne l’accès à d’autres pièces essentielles comme la carte nationale d’identité, le passeport ou encore certains concours administratifs ». Son indisponibilité retarde les projets d’études, de voyages ou de démarches professionnelles.

Face à ces lenteurs administratives , des voix s’élèvent pour réclamer une réforme profonde du système. « Il faut moderniser la délivrance des documents administratifs. Avec l’informatique, cela pourrait être plus rapide et transparent », estime un avocat rencontré sur place.

Les responsables de cette institution restent silencieux face aux tracasseries rencontrées par les demandeurs de ce document. Pendant ce temps, chaque matin, de nouveaux citoyens viennent grossir les rangs au gouvernorat, avec le même espoir : repartir enfin avec leur certificat de nationalité après un combat souvent long, épuisant et coûteux.

Lobey Bab Sidick