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N’Djamena : l’insalubrité, une menace sanitaire constante

N'Djamena : l'insalubrité, une menace sanitaire constante 1

Alors que les autorités sanitaires sonnent régulièrement l’alarme sur l’épidémie de choléra qui frappe certaines régions du pays, de nombreux  quartiers urbains de N’Djamena restent plongés dans des conditions d’hygiène alarmantes.

Sous le soleil de plomb de N’Djamena, les ruelles sablonneuses de certains quartiers se transforment en décharges à ciel ouvert, où les déchets s’accumulent sans fin. Au marché d’Abena, dans le 7e arrondissement, des sacs plastiques déchirés volent au vent, des restes de repas pourrissent au bord des routes, attirant des nuées de mouches et de chiens errants. À quelques mètres de là, des enfants jouent pieds nus, insouciants, dans des flaques d’eau stagnante laissées par les dernières pluies, ignorant les risques sanitaires qui les entourent.

Assise devant le portail de sa maison, Mariam, une femme d’une quarantaine d’années, soupire : « Ici, on vit avec les ordures. Ce n’est pas un choix, c’est une habitude ». Elle explique que la collecte des déchets est quasi-inexistante, obligeant les habitants à jeter leurs ordures dans les rues ou devant leurs portes, faute de meilleure solution.

Dans le quartier Chagoua, comme dans les autres arrondissements et les marchés de la capitale, les mêmes scènes se répètent : des immondices et des eaux stagnantes côtoient la vie quotidienne, faite de rires d’enfants et de marchés animés. Mais derrière cette façade de vitalité, une menace silencieuse plane : l’insalubrité, qui jour après jour, fragilise la santé des habitants.

Ces conditions, pourtant idéales pour la propagation des maladies, ne semblent pas inquiéter outre mesure les responsables des arrondissements ni la population elle-même. « Les ordures mêlées aux eaux usées créent des foyers de bactéries et attirent des rongeurs et des insectes, vecteurs de maladies comme la dengue, le choléra ou la typhoïde, la dysenterie. L’eau stagnante près des zones d’habitation précaires favorise la prolifération des moustiques responsables du paludisme, l’une des premières causes de mortalité au Tchad »,  souligne Djimnaram Jules, infirmier au centre de santé d’Abena.

L’agent de santé,  déplore la fréquence alarmante des cas de paludisme.  « Nous recevons chaque semaine des dizaines d’enfants atteints de paludisme ou de maladies diarrhéiques. Ce n’est pas seulement un problème médical, c’est avant tout un problème d’hygiène et de salubrité», indique-t-il.

Selon un responsable d’une organisation non gouvernementale locale, la pauvreté et le manque d’infrastructures sont des obstacles majeurs à la lutte contre l’insalubrité. « On ne peut pas demander aux habitants de respecter des règles d’hygiène quand ils n’ont ni eau courante, ni système de collecte des déchets », déplore-t-il.

Pour les spécialistes de l’assainissement , il est urgent de mettre en place des politiques publiques ambitieuses qui allient assainissement, éducation sanitaire et accès équitable aux services de base. Car lutter contre l’insalubrité, c’est non seulement améliorer la qualité de vie, mais surtout sauver des vies.

Lobey Bab Sidick