Politique

« Si telle est la volonté du pouvoir, il faut redonner la parole au peuple tchadien à travers un référendum constitutionnel », Pahimi Padaké Albert

« Si telle est la volonté du pouvoir, il faut redonner la parole au peuple tchadien à travers un référendum constitutionnel », Pahimi Padaké Albert 1

Par un point de presse fait ce 4 septembre 2025, le président du Rassemblement national des démocrates Tchadiens (Rndt-Le réveil), Pahimi Padaké Albert, rejette l’idée de « révision technique » de la Constitution, émise par le président de l’Assemblée nationale.

Selon le président du rassemblement national des démocrates Tchadiens (Rndr-Le réveil), Pahimi Padaké Albert, depuis quelques jours, certains chefs de parti sont invités, parfois nuitamment, au cabinet d’un ministre, d’où ils n’en sortent qu’après avoir apposé leur signature, au bas d’une pétition pour une révision constitutionnelle, qu’on présentera plus tard comme une initiative parlementaire, à la demande de ces partis. « Méthodes aussi légères, ridicules que malsaines. C’est bien cette initiative gouvernementale avec un faux label parlementaire d’une violation constitutionnelle baptisée ‘‘révision technique’’ ».

Selon lui, au menu, l’on susurre l’instauration de la peine de mort comme mesure phare en perspective. « Or, la peine de mort serait un recul inutile, qui ne règlera en rien le problème réel de l’impunité sélective et catégorielle qui empoisonne notre société. Notre problème réside dans l’incapacité de l’État à appliquer la même justice pour tous, et non dans la graduation de la peine. La peine de mort ne lèvera pas la garantie de l’impunité assurée à quelques-uns. Ne cherchons pas de fausses solutions aux vrais problèmes », souligne -t-il.

Il rappelle qu’après des décennies d’instabilité, de guerres civiles et de fragmentation nationale, marquées par la longue guerre civile déclenchée le 12 février 1979, ayant fracturé un pays divisé entre ethnies, religions et zones géographiques, le Tchad avait su trouver, en 1993, le chemin d’un véritable dialogue national, souverain et inclusif. « La Conférence Nationale Souveraine fut, une étape historique : elle a permis, dans la douleur et l’espoir, de jeter les bases d’une paix durable, en adoptant les principes d’une Constitution fondatrice et fédératrice, promesse d’un nouvel ordre politique fondé sur la paix et la stabilité, irrigué par les valeurs de démocratie et de liberté : « Ni Or ni Argent, mais la Liberté. », fut le fondement de ce nouveau contrat social », souligne -t-il.

En héritage de cette Conférence Nationale Souveraine (CNS), la Constitution du 31 mars 1996, dont découlent toutes les autres constitutions postérieures, a consacré un principe fondamental : l’impartialité du Président de la République. Par son article 71, alinéa 2, elle érige une digue contre toute captation partisane du pouvoir suprême : « Les fonctions de Président de la République sont incompatibles avec toute activité au sein d’un parti ou groupement de partis politiques ou d’une organisation syndicale », dispose la Constitution du 31 mars 1996.

Pour lui, cette sagesse constitutionnelle, qui fait consensus dans le pays en raison des fragilités sociales, est l’ultime rempart contre l’abus, la confusion des pouvoirs et l’exclusion, sources éternelles de conflits. « Elle rappelle que le Président de la République, arbitre suprême, est placé au-dessus de la mêlée, en gardien impartial de l’intérêt général et de l’unité nationale. Pourquoi vouloir ramener l’institution Président de la République si bas dans les querelles politiciennes partisanes », s’interroge-t-il.

Il ajoute que, la désignation en janvier 2025 du Président de la République, le Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno, président du MPS, est une grave violation de la Constitution depuis bientôt une année. « Loin du droit, cette confusion de rôle est l’expression de la force brutale, qui piétine les sacrifices consentis par tout un peuple pour s’arracher à la logique de l’homme-parti », affirme-t-il.

Selon lui, le pouvoir ose aller encore plus loin en engageant une révision constitutionnelle, non pas pour renforcer la démocratie et apporter des garanties aux libertés menacées, mais pour légaliser ce fait accompli et aligner la loi fondamentale du pays sur le règlement intérieur d’un parti. Il ajoute qu’il s’agit là, comme pour la peine de mort, d’une question de fond, liée au pacte républicain issu de la CNS, et non d’une simple question technique. « Nous l’affirmons clairement : si telle est la volonté du pouvoir, il faut redonner la parole au peuple tchadien à travers un référendum constitutionnel, cette fois-ci libre et transparent. Car seul un référendum libre, transparent et inclusif peut amender la Constitution sur un sujet de fond politique, tel que l’incompatibilité de la fonction présidentielle d’avec une activité partisane ou syndicale », affirme -t-il. Il poursuit que, ceux qui, par calculs personnels, fomentent et portent ce projet funeste, en seront, comme nous tous, peut-être même les premières victimes.

D’après Pahimi Padaké Albert, la loi ne se plie pas à la convenance d’un parti. « Elle protège le pays contre la dérive autocratique, contre la personnalisation du pouvoir que l’intérêt partisan peut cultiver. Ceux qui initient la modification de la Constitution pour légaliser sa violation, par égoïsme, portent une lourde responsabilité devant l’histoire et devant Dieu », souligne -t-il.

Il appelle à un sursaut patriotique, pour que la République reste la maison commune de tous. « Il faut défendre les acquis du pacte républicain de la CNS, consacrant l’impartialité constitutionnelle du Chef de l’État ; protéger l’autorité de la Constitution dans sa sacralité pour préserver la paix, la liberté et la cohésion : si vos conseillers ne vous le disent pas, entendez-le de nous. Entendez-le de l’opposition. Par leurs propositions surréalistes, le MPS et ses vrais faux alliés, ennemis jurés du père et amis du fils, représentent un boulet à vos pieds, qui vous tire irrésistiblement vers le bas ; vers votre ruine, mais certainement pas vers la leur. Ils ont survécu à d’autres pouvoirs qu’ils ont contribué à ruiner de la même façon. Lever l’incompatibilité de la fonction présidentielle vous dessert et affaiblit la fonction présidentielle ».

Il rejette cette violation et appelle à une mobilisation. « Rndt–Le Réveil, l’opposition démocratique, rejette avec force la violation de la Constitution, sous le baptême de « révision technique » aux objectifs honteux, et appelle ses militantes, ses militants, les sympathisants de l’opposition démocratique, ainsi que toutes les Tchadiennes et tous les Tchadiens épris de paix, à se mobiliser contre ce coup de force constitutionnel en cours » , conclut-il.

Lobey Bab Sidick