Politique

Les ressortissants du Logone occidental boudent le projet d’expropriation des terres pour l’implantation de la zone industrielle

Les ressortissants du Logone occidental boudent le projet d'expropriation des terres pour l'implantation de la zone industrielle 1

Dans deux documents distincts, les jeunes et la population de la province du Logone Occidental dénoncent l’expropriation des terres pour le projet Laham Tchad. Ils exigent la suspension de bornage des terres agricoles.

Dans le premier document, les jeunes de Kana disent avoir appris avec stupéfaction et indignation qu’un mémorandum de lequel les auteurs ont déclaré que la population de Kana « accepte de céder ses différentes parcelles pour l’installation de la zone industrielle dite site Economique Spéciale », a été adressé aux autorités de la transition. « Nous protestons vivement contre cette déclaration mensongère qui n’engage que les auteurs de ce mémorandum, leurs complices et autres alliés. Car, nous jeunes et toutes les composantes de la population installée dans ce canton n’avons été informées et consultées à aucun moment de l’existence d’un Projet sur nos terres », s’indignent-ils. « Victimes d’un accaparement de nos terres qui a commencé par un bornage systématique de nos champs en violations des textes en vigueur, nous demandons aux autorités de la transition destinataires à tous les niveaux de prendre leurs responsabilités face à cette situation qui plonge notre population dans le désarroi », ajoute le communiqué.

Le second document (un mémorandum des ressortissants du Logone Occidental), informe que les populations essentiellement rurales du département de Lac Wey dans ladite province, la plus densément peuplée du Tchad et disposant du plus, sont sommées de céder 3300 hectares des terres agricoles pour la mise en place du projet Laham Tchad. « Le bornage entamé sur le premier site par les services provinciaux de cadastre dans le canton Kana, dans la sous-préfecture de Deli a démarré sans information et sans consultation préalable des chefs de terres, des chefs de villages et des ménages ruraux qui exercent des activités de productions sur des parcelles relevant des droits coutumiers », relève le mémorandum qui estime que l’action politique du gouvernement ne peut s’inscrire que dans la volonté du bien-être de toutes les composantes de la population et en particulier en faveur des couches les plus démunies que sont les petits exploitants agricoles de la zone dudit projet.

Les populations autochtones des cantons Bah, Deli, Dodinda, Kana, Mankoula, localités supposées abriter le projet Laham relevent que leurs terres agricoles ne peuvent être cédées à leur insu à une quelconque société et pour des investissements privés. « A l’examen de la dimension des superficies en phase d’être requises de force ou de gré, mais surtout sans le moindre égard pour les autorités coutumières et les exploitants agricoles qui s’y trouvent depuis des générations, plusieurs questionnements subsistent : Sept zones économiques Spécialisées (N’Djamena, Moundou, Sarh, Dourbali, Abeche, Ati et Amdjarass) sont créées. Cependant quelle est la pertinence d’une forte concentration de dix-huit 18 unités industrielles dans une seule province, la plus petite et la plus dense démographiquement du Tchad ? Pourquoi la vocation agricole de la province n’a pas été intégrée au point de faire disparaitre les exploitants agricoles des cantons ? Pourquoi le choix d’une petite province pour l’implantation de 18 unités industrielles alors que la Population vit exclusivement que de l’agriculture avec un ratio surface agricole/habitant d’un demi hectare ? Un des effets induits de Ce projet, ne serait-il pas la disparition des cantons cibles ? », s’interroge le mémorandum.

Les représentants des cantons Bah, Badei, Déli, Dodinda, Kana, Gari, Maikane Mankoula, signataires dudit mémorandum, dénoncent « le processus abusif d’expropriation de plus de 3500 hectares de terres coutumières des mains des exploitants agricoles pour les céder a des personnes nanties, des multinationales et surtout à Arise, une société écran de Olam qui a échoué dans la relance de la filière Cotonnière ». Ils refusent la « pratique d’une industrialisation qui ne tienne pas compte de la vocation essentiellement agricole des populations locales et vise à les faire disparaitre ; exigent une information transparente et une consultation publique en urgence aux populations concernées ainsi que le respect de tous les textes en vigueur applicables dans le cadre de ce Projet et demandent la suspension immédiate des travaux de bornage en cours par le service provincial du cadastre dans canton Kana jusqu’à la réalisation a une d’Impact Environnement respectant les normes

Dans les deux documents, les signataires se réservent le droit à tous les recours légaux et aux instances arbitrales pour faire respecter leur droit à la survie et à l’existence en tant que communautés à vocation agricoles.

Nadjita Namlengar