Politique

Des appels à des sanctions ciblées et à des manifestations pacifiques

Des appels à des sanctions ciblées et à des manifestations pacifiques 1

Dans un communiqué conjoint, une vingtaine d’organisations de la société civile, des partis politiques de l’opposition et des personnalités du monde des arts, de la culture et du milieu de la presse ont exprimé leur préoccupation d’une succession dynastique du pouvoir au Tchad et appellent la population à la désobéissance civile et à des manifestations pacifiques et à la communauté internationale à des sanctions ciblées.

Du constat de ces hommes politiques, leaders de la société civile de l’intérieur et de la diaspora, intellectuels Africains et « amis du Tchad » le règne du Conseil militaire de transition depuis le début de la transition « s’est traduit par une recrudescence de l’insécurité, l’accentuation de la mauvaise gouvernance, des injustices et impunités ainsi que l’échec à conclure la transition sur dix-huit (18) mois contrairement aux engagements ».

C’est avec un sentiment « de consternation » qu’ils annoncent avoir suivi l’évolution des travaux du Dialogue national inclusif et souverain (Dnis) et les conclusions desdites assises. « Ce processus aboutit sans surprise à un échec manifeste de ces assises qui n’avaient pour seule finalité que la légitimation de la dévolution monarchique du pouvoir du père au fils du défunt Président Idriss Deby Itno », précise le communiqué.

Pour les signataires de ce communiqué, ce dialogue a perdu toute légitimité dès lors que son organisation « ne s’est pas faite dans le cadre d’un processus transparent, équilibré et consensuel ». Ils regrettent la conclusion du pré-dialogue de Doha sans l’accord les forces politico-militaires les plus significatives et « en particulier celles qui ont amené la mise en place d’une transition politique ». « Le dialogue n’a pas été inclusif et les principales forces de l’opposition civile et de la diaspora militante n’ayant pas pris part aux travaux », dénonce les signataires qui estiment que « le pouvoir en place a usé de tous les subterfuges pour adopter un règlement intérieur taillé sur mesure et a mis en place un Présidium non consensuel, ce qui a provoqué le retrait de nombreux partis politiques, corporations et associations de défense des droits humains ». Ils dénoncent aussi le non-respect de l’accord du groupe des aînés et leaders religieux avec l’opposition pour sa participation à ces assises, les manœuvres visant à étouffer l’expression de la vérité et la mise en place d’une procédure de prise de décision non consensuelle. Ces organisations et personnalités dénoncent entre autres la non-proclamation de résolutions fortes, contraignantes et d’actions mesurables et temporellement définies pour la mise en place d’une nouvelle armée républicaine, l’adoption de résolution consacrant l’éligibilité des membres du Cmt et des responsables des autres organes de transition, en contradiction flagrante avec les résolutions de l’Union Africaine…la perpétuation de la concentration des pouvoirs entre les mains de Mahamat ldriss Deby, en violation des principes démocratiques et des recommandations de l’Union Africaine, l’adoption d’une résolution consacrant la mise en place d’un processus de justice transitionnelle.

Les forces vives, la diaspora, les intellectuels Africains et amis du Tchad appellent à la fin de la transition actuelle d’ici le 20 octobre 2022 et au retour à l’ordre constitutionnel à travers un pouvoir civil et à l’ouverture des discussions devant aboutir « à la désignation des nouvelles autorités de transition devant conduire les différentes échéances futures aboutissant à des referendums transparents et des élections crédibles et une transmission paisible du pouvoir, la mise en place d’une feuille de route claire et détaillée sur la réforme de l’armée couplée à un processus désarmement démobilisation-réinsertion, l’adoption des projets de textes et conditions d’élections crédibles ».

Ils appellent le peuple « à se tenir prêt à la désobéissance civile et à des manifestations pacifiques aux dates qui lui seront indiquées après le 20 octobre 2022, si les revendications ci-dessus ne sont pas suivies d’effet et appellent les institutions internationales et partenaires à appliquer des sanctions ciblées à l’égard des responsables du Comité d’organisation du dialogue national inclusif, du présidium du dialogue, de la 2ème commission ad-hoc du Dnis et des membres du Cmt et autres autorités politiques et militaires du pays ».

Stanyslas Asnan